(Laval) Des citoyens ont raconté avoir dû maîtriser le chauffeur en crise de l’autobus de la Société de transport de Laval (STL) qui a foncé à vive allure avec son véhicule dans une garderie du quartier Sainte-Rose, mercredi matin, tuant deux jeunes enfants et en blessant grièvement six autres.

« L’autobus était dans la garderie, il était arrivé avec de la vitesse », explique Hamdi Benchaabane, qui habite la maison voisine de la garderie éducative Ste-Rose.

Arrivé sur place rapidement, M. Benchaabane a vu le chauffeur sortir de l’autobus et commencer à retirer ses vêtements.

« Il a enlevé son pantalon et son sous-vêtement. C’était chaotique. Il a voulu fuir, mais moi et des pères de la garderie, on a sauté dessus. Il criait et ne voulait pas se laisser faire. Pour tout vous dire, on a été obligés de le frapper pour le maîtriser. »

M. Benchaabane a pu secourir un enfant qui était coincé sous l’autobus. « Heureusement, il n’était pas gravement blessé, il saignait un peu du visage. Mais j’ai entendu qu’il y avait d’autres voix sous l’autobus, et les pompiers sont arrivés et ont pris les secours en charge, parce que des morceaux de toit tombaient dans la garderie. »

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Hamdi Benchaabane a aidé à maîtriser le suspect.

Après le drame, une vingtaine d’enfants de la garderie ont été transportés en autobus jusqu’à l’école primaire du Parc, située tout près. L’endroit est devenu un point de rassemblement pour les secours, la police et les parents.

Dehors, un père qui a dit s’appeler Steve patientait avec sa fille d’âge primaire qui se protégeait du froid avec une couverture. Ses deux autres enfants, âgés d’un an et demi et de deux ans et demi, étaient dans la garderie au moment de l’impact et se trouvaient avec leur mère à l’intérieur de l’école du Parc.

« Il faut être dérangé pour faire ça, a-t-il dit. Pourquoi quelqu’un voudrait s’en prendre à des enfants ? »

Le quartier où s’est produit le drame est calme et sûr habituellement, a dit le père, rongé par l’inquiétude. « Tu ne peux pas avoir un endroit plus tranquille que ça. »

Puis, de l’intérieur de l’école ont retenti des cris à arracher l’âme. Une policière est sortie dans le stationnement pour demander l’aide d’ambulanciers à l’intérieur de l’école.

Un autre père, qui n’a pas donné son nom, a dit être retourné en catastrophe à la garderie où il venait de déposer son enfant quelques minutes plus tôt après avoir été contacté par un membre de sa famille qui travaille à l’hôpital.

« Il m’a dit qu’il y avait une vigie de code orange à la garderie Ste-Rose et il savait que mon enfant allait là. Je suis arrivé et maintenant, mon enfant est dans l’école et hors de danger, heureusement », a-t-il dit, encore ébranlé par la tournure des évènements.

Âgé de 51 ans, le chauffeur serait un employé de la STL depuis une dizaine d’années. Le Service de police de Laval a dit mercredi qu’il serait accusé d’homicide et de conduite dangereuse. « Il va être rencontré par les enquêteurs », a dit la porte-parole Erika Landry.

On ne sait pas pour le moment s’il existe ou non un lien entre l’homme et la garderie éducative Ste-Rose.

Des ministres sur place

Sur place, François Bonnardel, ministre de la Sécurité publique, a parlé d’une « tragédie » qui ébranle tout le Québec. « On est ici pour soutenir les familles. Il y a une cellule de crise qui a été mise en place par la Ville de Laval », a-t-il ajouté.

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Le chef du Service de police de Laval, Pierre Brochet, et le ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, à leur arrivée sur les lieux

Suzanne Roy, la ministre de la Famille, a dit que « tous les parents du Québec » étaient avec les parents de Laval. « C’est une situation sans nom. Quand on dépose nos enfants à la garderie pour la journée, ils sont entre de bonnes mains. Là arrive un évènement comme celui-là… Nous contactons tous les parents cet après-midi aussi pour leur dire que les enfants auront tous une place dès demain dans d’autres garderies dans un rayon de cinq kilomètres d’ici. »

Sur place durant la journée de mercredi, Stéphane Boyer, le maire de Laval, a pu rencontrer des parents de la garderie éducative Ste-Rose.

On veut que Laval soit présent à chaque étape pour les familles. On a accompagné des gens aujourd’hui qui étaient en choc, mais des chocs peuvent aussi survenir plus tard, dans les prochains jours. Nous serons au rendez-vous pour offrir le support.

Stéphane Boyer, maire de Laval

Pierre Brochet, chef de la police de Laval, a quant à lui dit que les évènements de mercredi matin étaient difficiles pour les policiers et les intervenants du service d’incendie.

« Nous offrons nos condoléances aux familles des victimes. Je suis sur place depuis mercredi matin, et j’ai vu des policiers pleurer. Vous savez, quand on devient policier, on sait à quoi s’attendre, mais les tragédies qui impliquent des enfants nous affectent tous. On est tous parents ou grands-parents… », a-t-il dit, ajoutant que des cellules de soutien psychologique avaient été déployées tant pour les parents que pour les policiers et les intervenants du service d’incendie.