Effrayée, la tête recouverte d’une taie d’oreiller, séquestrée dans un chalet avec son mari : ce qui aurait dû être un dimanche tranquille pour Sandra Helm et son mari s’est transformé en vrai cauchemar. L’enlèvement survenu en septembre 2020 est en lien avec l’implication de son petit-fils dans des affaires de drogue, a raconté l’Américaine mardi matin au palais de justice de Montréal, où des échanges téléphoniques entre les ravisseurs et le fils Helm ont été présentés.

Sandra Helm, 73 ans, a témoigné mardi au procès devant jury de Gary Arnold. Il est accusé d’avoir enlevé, séquestré et menacé Sandra et James Helm.

Le couple américain a été enlevé et séquestré en échange d’une rançon en raison d’une importation de cocaïne qui a mal tourné, à la suite de l’arrestation du petit-fils des Helm.

Dimanche soir, 27 septembre 2020. Sandra et James Helm sont de retour chez eux après avoir célébré leur anniversaire de mariage. Mme Helm regarde la télévision, alors que son mari dort dans la chambre, a raconté la victime devant un jury attentif.

Deux inconnus font irruption dans leur demeure de Moira, dans l’État de New York, selon le récit de Mme Helm.

Les ravisseurs lui disent que « [son] petit-fils avait fait quelque chose de mal » et pressent le couple effrayé de les suivre à l’extérieur. « Vite, dépêchez-vous. Si vous prenez trop de temps, vous allez le regretter », « la mafia est dehors, elle vous attend », auraient-ils dit.

Mme Helm raconte ensuite avoir été poussée dans un véhicule de type pick-up, le visage recouvert par une taie d’oreiller. « Je n’avais aucune idée où on allait. Je ne pouvais rien voir. »

La victime ne peut uriner sans cathéter. « Je pleurais de douleur. »

L’un des ravisseurs est revenu avec un cathéter pour homme, laissant la victime dans une douleur aiguë. C’est beaucoup plus tard qu’on lui a fourni un cathéter adéquat. Dans une vidéo présentée au jury, un homme identifié par Mme Helm comme étant Gary Arnold se présente à l’hôpital pour se procurer des cathéters.

« Vos parents vont bien »

Trois hommes se trouvaient dans la maison située à Magog où le couple aurait été séquestré. L’un d’entre eux aurait dit à Mme Helm qu’elle était là à cause de son petit-fils, Mackenzie Helm. « Il me dit qu’il aurait volé de la drogue d’une valeur de 3,5 millions », a expliqué la victime.

Son petit-fils aurait volé 50 kg de cocaïne lors d’une transaction de drogue qui a tourné au vinaigre. Il est actuellement incarcéré.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Michael Helm au palais de justice de Montréal, mardi

Pendant ce temps, Michael Helm, l’un des fils du couple et l’oncle de Mackenzie Helm, avait contacté la police locale après avoir constaté la disparition de ses parents.

Il a plus tard reçu un premier appel d’un des ravisseurs, a-t-il décrit au jury mardi après-midi.

« On a tes parents. Ton neveu a pris mes affaires. Je veux soit mes affaires, soit ton neveu », peut-on entendre dans un appel présenté en preuve.

Plusieurs autres appels téléphoniques tendus entre Michael Helm et les ravisseurs ont été entendus par le jury. « Je ne veux pas vos parents. C’est votre neveu. Votre neveu les a mis dans cette situation. »

Michael Helm parle ensuite avec ses parents. Mme Helm, en sanglots, lui assure qu’elle n’est pas blessée. L’un des ravisseurs s’adresse ensuite au fils Helm. « Vos parents vont bien. Ils sont tellement bien traités qu’ils ne voudront peut-être jamais revenir », dit-il en riant.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Sandra Helm (au centre) au palais de justice de Montréal, mardi

Le couple est demeuré dans le sous-sol du chalet toute la nuit après son arrivée. Les ravisseurs avaient prévu de le déplacer.

« Je ne pensais pas qu’on allait revenir chez nous. Je ne pouvais pas croire qu’ils allaient juste nous laisser partir. On avait vu leur visage », a raconté Sandra Helm.

Le Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec a libéré les victimes et arrêté les suspects juste à temps, peu avant leur départ de Magog.