Il a fallu toute la nuit du 27 au 28 septembre 2020 aux ravisseurs de Sandra et de James Helm pour enlever le couple de septuagénaires américains dans sa maison de Moira, dans l’État de New York, et l’amener dans un chalet à Magog, où il a été séquestré durant deux jours, avant d’être libéré par les policiers.

C’est ce qui a marqué la journée de lundi au procès devant jury de Gary Arnold, accusé d’avoir enlevé, séquestré et menacé les deux citoyens américains, et qui se déroule à Montréal.

Le couple a été enlevé et séquestré en échange d’une rançon en raison d’une importation de cocaïne qui a mal tourné, à la suite de l’arrestation du petit-fils des Helm.

Dans un interrogatoire filmé déposé en cour qui s’est déroulé dans une chambre de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke quelques heures après sa libération, James Helm a raconté en détail au policier Patrick Fournier, de la Sûreté du Québec, et à deux policiers américains comment il avait vécu toute l’affaire.

PHOTO TIRÉE D’UNE VIDÉO PRÉSENTÉE EN COUR

James Helm a été interrogé par les policiers dans une chambre de l’Hôtel-Dieu de Sherbrooke le 30 septembre 2020, dans les heures qui ont suivi sa libération.

« C’était dimanche soir, il était 22 h ou 22 h 30. Je venais de me coucher et ma femme regardait la télévision lorsqu’elle a entendu un gros bruit à l’extérieur. Ils ont défoncé la porte et sont entrés dans la pièce, en nous disant de nous habiller, car nous allions partir avec eux », a décrit M. Helm.

Deux individus sont entrés dans la maison. Leur visage était caché. L’un d’eux portait des lunettes de ski. M. Helm a tenté de saisir son téléphone pour appeler le 911, mais l’un des intrus s’en est emparé.

Les suspects parlaient anglais. « Quatre autres personnes attendent à l’extérieur », leur a lancé l’un des ravisseurs.

Le visage couvert, lui par un masque et elle par une housse de coussin, le couple a été invité à monter à bord d’une camionnette foncée de style pick-up.

« Au bout d’un certain temps, nous avons tourné à droite, puis à gauche. J’ai pensé que nous allions vers la réserve d’Akwesasne », a poursuivi M. Helm.

Une longue attente

Après un déplacement au cours duquel aucun mot n’a été prononcé, les ravisseurs et leurs victimes se sont immobilisés près d’un quai. Le couple et deux des suspects sont montés à bord d’un petit bateau de quatre places. Durant le trajet, qui a duré une vingtaine de minutes, a évalué M. Helm, il semble avoir été question des problèmes de santé de Mme Helm et du fait que sa situation médicale nécessitait des cathéters.

La petite embarcation s’est ensuite amarrée à un quai, probablement à Salaberry-de-Valleyfield, près d’une voie ferrée et d’une rampe de mise à l’eau, a indiqué M. Helm.

C’est à ce moment que les ravisseurs ont dit qu’ils tenteraient de trouver des cathéters pour Mme Helm.

Le couple a attendu longuement à l’intérieur et près du bateau. Puis un petit véhicule est arrivé. M. et Mme Helm ont été invités à monter, mais il y a eu une autre période d’attente d’environ 45 minutes, selon M. Helm, avant que des suspects les rejoignent avec les cathéters demandés.

Arrivée au déjeuner

Puis le véhicule a démarré. M. Helm croit avoir constaté qu’il a emprunté la 132, la 15 et la 10. Encore une fois, aucun mot n’a été échangé entre les ravisseurs et leurs victimes. Les suspects se sont toutefois parlé entre eux sans que M. Helm parvienne à entendre, car une musique « à rendre fou » jouait dans l’habitacle. « Il y a des boissons gazeuses, de l’eau et des chips, si vous avez faim », leur a offert l’un des suspects.

Le trajet sur des voies rapides seulement a duré environ deux heures et demie avant que le véhicule s’arrête dans l’entrée d’une maison, vers 7 h 30 ou 8 h du matin.

« Je n’avais aucune idée où j’étais », a dit M. Helm, selon qui les ravisseurs ont toujours été courtois, leur demandant fréquemment s’ils avaient besoin de quoi que ce soit.

Il a ajouté n’avoir été menacé en aucun temps et ne pas avoir vu d’arme. Dans la journée du 29 septembre, les ravisseurs se sont rendus à Magog acheter une pizza et il a été question d’aller à l’épicerie.

« Le plus vieux lui [à sa femme] a fait un sandwich. Je n’avais rien à manger et j’ai bu beaucoup de café durant la journée », a raconté M. Helm.

Après leur arrivée au chalet, l’un des suspects a pris une première photo du couple à l’intérieur du chalet, puis une autre à l’extérieur, près du foyer et de chaises bleues, s’est souvenu M. Helm.

Volte-face soudaine

« Je ne sais pas pourquoi on vous a enlevés tous les deux, avec elle qui est malade. On va vous ramener dans un endroit d’où vous pourrez retourner à la maison », a plus tard dit l’un des ravisseurs à M. Helm et à sa conjointe.

Selon ce dernier, les suspects et le couple s’apprêtaient à monter à bord du véhicule, pour que M. et Mme Helm soient ramenés à la maison, lorsque les membres du Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec les ont libérés et ont arrêté les suspects.

M. Helm n’a pas pu témoigner au procès de Gary Arnold, car il est mort d’une cause qui n’a rien à voir avec son enlèvement et sa séquestration.

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