L’homme accusé d’avoir ouvert le feu sur Meriem Boundaoui, cette adolescente tuée pendant une fusillade il y a deux ans à Montréal, a échoué mercredi à obtenir sa mise en liberté provisoire. Le juge Éric Downs souligne que « cette violence par arme à feu gratuite avait choqué la population ».

« La violence armée a augmenté sensiblement à Montréal. L’aberrante facilité avec laquelle certains se procurent des armes et les utilisent secoue la communauté », affirme le juge dans sa décision de 64 pages. La majeure partie du jugement est couverte par une ordonnance de non-publication.

Aymane Bouadi, Montréalais de 27 ans, restera donc détenu jusqu’à la fin de son procès. En plus d’un chef de meurtre au premier degré, il est accusé de quatre tentatives de meurtre. Son coaccusé, Salim Touaibi, n’était pas visé par cette requête et demeure détenu.

Le Québec avait été scandalisé par la mort de Meriem Boundaoui en février 2021. L’adolescente de 15 ans avait été atteinte par balle à la suite de coups de feu tirés d’une voiture en marche près de l’intersection Jean-Talon et Valdombre, dans l’arrondissement de Saint-Léonard.

Le « gars à Yaniso »

Au début de sa décision, le juge résume la théorie de la Couronne. Selon celle-ci, Aymane Bouadi et Salim Touaibi étaient cagoulés et circulaient à bord d’un véhicule Mercedes C300 blanc.

Le conducteur, Salim Touaibi, s’est alors adressé à un témoin à une intersection et lui a demandé s’il était le « gars à Yaniso ». Quand le témoin a répondu par l’affirmative, Aymane Bouadi, le passager avant, a déchargé son arme à feu, allègue la poursuite. Au total, sept coups de feu ont été tirés en direction du groupe de personnes rassemblées autour ou à l’intérieur d’un véhicule Jetta, indique le jugement.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Cérémonie organisée en février 2022 pour souligner le premier anniversaire de la mort de Meriem Boundaoui

Atteinte à la tête, Meriem Boundaoui n’a eu aucune chance. Un survivant de l’attaque, qui était à l’extérieur de la Jetta, a été atteint au dos et sur son flanc droit. Il s’est heureusement rétabli depuis.

Les deux hommes ont été arrêtés au terme d’une enquête policière de 16 mois dans laquelle plusieurs moyens « sophistiqués » ont été utilisés, rappelle le juge. La Couronne entend ainsi prouver la culpabilité des accusés grâce à une preuve « circonstancielle d’envergure ».

Dans l’espoir d’être libéré, Aymane Bouadi proposait d’habiter avec une de ses sœurs. Plusieurs membres de sa fratrie se disaient prêts à verser des cautions. Ces garanties n’ont visiblement pas convaincu le juge qui a conclu que sa mise en liberté n’était pas « justifiée ».

La Couronne plaidait que la détention d’Aymane Bouadi était nécessaire pour assurer sa présence au tribunal, pour assurer la protection du public et pour ne pas miner la confiance du public envers l’administration de la justice.

« Les membres de la famille sont très heureux et sont soulagés », a indiqué la procureure de la Couronne, MNadia Bérubé, à la sortie de l’audience. Elle fait équipe avec MSimon Lapierre. L’accusé est défendu par MMartin Latour.