Une éducatrice filmée à son insu en train de violenter quatre bambins dans une garderie montréalaise a été condamnée lundi à près de six mois de détention à domicile. Si elle a échappé à la prison ferme, Nassira El Hmaini a toutefois échoué à obtenir une absolution.

« La dissuasion générale, les victimes multiples, les conséquences pour les parents, ainsi que l’importance des services de garde à la petite enfance dans le quotidien d’une grande majorité de parents font en sorte que l’absence de condamnation que procure l’absolution conditionnelle nuirait à l’intérêt public », a conclu lundi le juge Alexandre St-Onge au palais de justice de Montréal.

La femme de 31 ans avait plaidé coupable en mai dernier à cinq chefs d’accusation de voies de fait commis en 2020 sur quatre enfants âgés de 2 et 3 ans. Alors qu’elle travaillait comme éducatrice à la garderie KIDZ dans le quartier Villeray, à Montréal, Nassira El Hmaini a été filmée à son insu à plusieurs reprises par une collègue.

Sur une vidéo, on voit l’accusée donner une claque au visage à deux enfants qui bougent sur leur matelas de sieste. « Couche-toi ! », lance-t-elle à l’un d’eux. Les claques sont très audibles. Sur les autres extraits, l’éducatrice tire entre autres les cheveux d’une fillette, tape un enfant sur la tête et en projette un autre par terre.

Le juge retient de la preuve que Nassira El Hmaini a frappé des enfants « qu’elle aimait » dans un contexte « où elle essaie de reprendre le contrôle du groupe, tout en sachant que l’emploi de telles méthodes était illégal ». En audience, l’accusée avait décrit un climat de travail « toxique » entre les éducatrices.

Pour de tels gestes, la Couronne réclamait de 8 à 10 mois de prison ferme, alors que la défense demandait une absolution conditionnelle, une peine clémente qui aurait permis à l’accusée de ne pas conserver un casier judiciaire.

Facteurs aggravants

Parmi les facteurs aggravants, le juge accorde un « poids important » au nombre de victimes et à leur très jeune âge. Il relève également le fait que l’accusée ait commis les gestes dans le cadre de son travail d’éducatrice à l’enfance.

Le juge conclut cependant qu’une peine d’emprisonnement à domicile est appropriée pour Nassira El Hmaini en raison notamment de son absence d’antécédents judiciaires, de la thérapie « sérieuse » qu’elle a entreprise et de son faible potentiel de récidive. Le juge relève également ses remords comme facteur atténuant.

Pendant sa peine, elle sera assignée à domicile 24 heures sur 24, sauf pour le travail et pour certaines exceptions. Elle devra accomplir 240 heures de travaux communautaires. Il lui sera interdit d’occuper un emploi où elle se trouvera en position d’autorité auprès d’enfants.

MGabrielle Delisle a représenté le ministère public, alors que MMaria Vivas défendait l’accusée.