Un employé d’une filiale de Desjardins qui a profité de sa « position privilégiée » au sein de l’institution financière pour frauder des clients à hauteur de 243 000 $ a été condamné à six mois de prison. Cédric Carrié, un ex-joueur de soccer de haut niveau, maintient avoir été « utilisé » par des complices non identifiés.

Le fraudeur de 32 ans travaillait en 2019 chez Desjardins Sécurité financière, une filiale de Desjardins. Il devait répondre aux appels des clients pour les aider à s’inscrire en ligne, à faire des retraits ou à choisir des produits d’épargne. Il était en contact « quotidien » avec des clients dans une succursale de Montréal.

« Monsieur avait une position privilégiée à la banque qui lui permettait d’avoir accès à des comptes et à des informations comme la date de naissance de certains bénéficiaires. La position qu’il occupait a fait en sorte qu’il a pu faire des vérifications et/ou des transactions », a indiqué la procureure de la Couronne, MSandra Tremblay.

Sur une période d’un mois, 62 « retraits irréguliers » totalisant 547 000 $ ont été découverts dans le même « groupe transitoire » d’épargne retraite. Parmi ces retraits, 18 ont été consultés par Cédric Carrié. Ces sommes ont ensuite transité dans cinq institutions bancaires.

Cédric Carrié a consulté la date de naissance de 32 des 36 victimes et les comptes de 27 d’entre elles. Le fraudeur a pris des captures d’écran pendant deux appels avec des clients, alors que les numéros de victimes étaient inscrits dans l’application Bloc-notes.

D’autres « retraits irréguliers » totalisant 38 000 $ ont été effectués dans trois comptes provenant d’un autre « groupe » d’épargne. La perte totale de la fraude s’élève à 243 373 $.

« Il y avait d’autres acteurs dans ce projet. Ce n’était pas M. Carrié le mastermind, le cerveau. […] Un ou des acteurs ont retiré des fonds », a affirmé mardi l’avocat de la défense, MFrançois Létourneau-Prézeau, en présentant la suggestion commune de six mois de détention.

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MFrançois Létourneau-Prézeau, avocat de la défense

Remords

Il s’agit d’une peine relativement clémente pour une fraude d’une telle ampleur. Elle se justifie entre autres par un rapport présentenciel « très positif », selon MTremblay. La Couronne n’était pas en mesure de prouver que l’accusé a pu bénéficier de cette somme. Notons qu’il a remis 15 000 $ à Desjardins.

« Dans le rapport, on considère que monsieur a des remords qui sont clairs. Il qualifie ses gestes d’inacceptables. Monsieur avait un manque de confiance au niveau financier et voulait assurer une meilleure qualité de vie à sa conjointe », a insisté Me Létourneau-Prézeau.

Ex-joueur étoile du soccer québécois dans sa jeunesse, le fraudeur était coordonnateur sportif à l’Association de soccer de Brossard. Mais à la suite de la médiatisation de la fraude l’automne dernier, Cédric Carrié a perdu ses fonctions en raison des plaintes de parents, a déploré son avocat.

En audience, MFrançois Létourneau-Prézeau a dénoncé les « impacts considérables » de l’article de La Presse sur son client. Dans une demande inusitée, l’avocat a alors requis un huis clos pour exclure l’auteur de ces lignes de la salle afin de traiter de « questions journalistiques ».

« Avant d’ordonner un huis clos, j’ai besoin d’une requête qui le justifie », a répondu la juge Lori Renée Weitzman. L’avocat a alors abandonné sa demande.