(Ottawa) Ed Sweeney est certain qu’il y en a d’autres. D’autres membres des Forces armées ou des membres de leur famille qui, comme lui et les siens, ont bu l’eau contaminée qui s’écoulait des robinets à la base de Valcartier à la fin des années 1990.

C’est pourquoi il exhorte le ministère de la Défense à accepter de prolonger la période d’inscription à l’action collective obtenue par ceux ayant consommé l’eau venant d’une nappe phréatique où était déversé du trichloréthylène (TCE), un solvant industriel.

D’autant plus que le ministère fédéral, qui a été sommé par la Cour d’appel du Québec de donner une compensation solidairement avec une filiale de SNC, en a fait bien peu pour aider à identifier les victimes, dénonce l’ancien militaire.

« Je suis sûr qu’il y a encore 500 à 800 personnes admissibles à trouver. Il y a là-dedans, d’après moi, des personnes qui ne sont pas au courant, dont les anciennes femmes de certains collègues qui n’ont peut-être pas été contactées », avance-t-il.

« Pourtant, si le gouvernement vous cherche parce que vous devez des impôts, il vous trouvera assez vite », raille l’ex-militaire dans une entrevue accordée à deux jours de l’audience devant la Cour supérieure du Québec, mercredi.

Les avocats des plaignants y réclameront une extension de six mois, jusqu’au 15 juillet prochain, dans l’espoir de parvenir à allonger la liste des gens qui peuvent se prévaloir de ce dédommagement.

« Que les pollueurs payent »

La Cour d’appel a statué que toute personne ayant habité une résidence alimentée par le réseau de distribution d’eau de la base militaire entre avril 1995 et mars 2000 a droit à 1000 $ par mois d’occupation, en plus de 3000 $ pour un ou plusieurs enfants mineurs.

« Moi, tout ce que je veux, c’est que les pollueurs payent. Ici, il y a le gouvernement du Canada et SNC, qui ont tous les deux déversé des cancérigènes de façon intentionnelle et illicite », lâche l’environnementaliste Daniel Green.

Car le nerf de la guerre, c’est l’argent, insiste-t-il : « Pour moi, c’est important, parce que chaque dollar que les pollueurs payent, ça crée un précédent qui vient dire aux autres pollueurs du Québec de faire attention, parce qu’ils risquent gros. »

Mais voici que la Défense nationale « se dérobe du précédent » en « n’identifiant pas les victimes », regrette l’ancien dirigeant de la Société pour vaincre la pollution. Ex-chef adjoint du Parti vert, il a tenu sa famille politique au courant du dossier.

Son ancienne complice Elizabeth May, qui a récemment repris les rênes de la formation en duo avec Jonathan Pedneault, aurait prié la ministre de la Défense, Anita Anand, de ne pas s’opposer à une extension de la période d’inscription.

Le Ministère muet sur ses intentions

Le Ministère n’a pas voulu préciser ses intentions en amont de l’audience. « Le Canada présentera ses arguments […] et ne discutera pas de sa position avant l’audience », a signalé lundi une porte-parole, Jessica Lamirande.

On s’est aussi défendu d’avoir échoué à collaborer au bon fonctionnement du processus. Le Ministère a fourni aux avocats toutes les informations des membres des Forces armées ayant résidé à la base durant la période donnée, et informe l’administrateur de tout autre renseignement qu’il est « en mesure de confirmer ».