Un proxénète ontarien a fait vivre l’enfer à une femme et une adolescente de 16 ans, droguées et forcées de se prostituer parfois pendant des périodes de 24 heures au centre-ville de Montréal. Des employés de l’hôtel les ont finalement sauvées de leur calvaire.

Aron Walters, résidant de Mississauga en Ontario, a plaidé coupable la semaine dernière au palais de justice de Montréal à deux chefs d’accusation de proxénétisme à l’égard de deux victimes et d’avantage matériel provenant de la prestation de services sexuels.

L’homme de 26 ans faisait toutefois face à des accusations encore plus graves de traite de personnes mineures, puisque l’une des victimes était âgée de 16 ans au moment des faits, selon le mandat d’arrêt. Or, l’âge de la victime n’est pas précisé dans les faits reconnus par le proxénète. Il n’est donc pas condamné pour proxénétisme d’une mineure.

Recrutement sur Instagram

Déjà victimes de proxénétisme, les deux victimes avaient été temporairement placées pour leur sécurité dans un hôtel d’Oakville, en Ontario, par la police régionale de Halton en juillet 2020. C’est à cet endroit que l’Ontarienne de 16 ans a commencé à discuter avec Aron Walters sur l’application Instagram.

Selon les faits présentés en cour, le proxénète a alors fait miroiter aux deux victimes qu’il les aiderait à se faire de l’argent. Le jour suivant, il a donc loué une chambre dans un motel de Mississauga, en Ontario. Le cycle de la prostitution a alors repris.

Les deux victimes ont commencé à offrir des services sexuels en Ontario, puis à Montréal pour « faire plus d’argent », à la demande du proxénète. Aron Walters s’occupait de mettre les annonces en ligne et gérait les clients. Il engrangeait tous les gains de la prostitution.

Pas assez « travaillantes »

Aron Walters donnait de l’alcool et de la drogue aux victimes, alors qu’elles se prostituaient jour et nuit dans un appartement loué sur Airbnb rue Bercy. Il a toutefois cessé de leur fournir ces substances, jugeant que les filles n’étaient pas assez « travaillantes » (hardworking) quand elles étaient droguées.

À une occasion, l’adolescente de 16 ans a été agressée sexuellement par un client, indique le résumé des faits. Le proxénète lui a alors donné de la drogue pour « oublier » et poursuivre sa besogne.

À la mi-août 2020, les victimes se sont retrouvées au Nouvel Hôtel sur le boulevard René-Lévesque. Heureusement, trois jours plus tard, des employés ont appelé la police après avoir été témoins d’un conflit entre les victimes et des hommes.

C’est grâce au courage de l’adolescente qu’Aron Walters a vraisemblablement pu être accusé, puisque celle-ci a collaboré avec les policiers en produisant trois déclarations vidéo aux policiers. L’autre victime a refusé de le faire. Aron Walters a été arrêté chez lui en juillet 2021, alors qu’il était visé depuis quelques mois par un mandat d’arrêt pancanadien. Il est détenu depuis.

Une suggestion commune de peine devrait être présentée en février prochain. Notons que le ministère public a retiré les accusations portées contre le coaccusé Rashawn Hamilton, un résidant de Châteauguay de 26 ans.

Me Claude Berlinguette-Auger représente le ministère public, alors que Me Tom Pentefountas défend l’accusé.