Deux des trois individus qui ont fait irruption chez l’ex-enquêteur Pietro Poletti du SPVM en juin dernier et l’ont battu, en plus de molester sa mère octogénaire, ont été déclarés coupables de la plupart des chefs déposés contre eux, vendredi après-midi au palais de justice de Montréal.

Mitchaino Bruno, 26 ans, et Yadley Deutz-St-Jean, 25 ans, ont été reconnus coupables par le juge Alexandre Dalmau de la Cour du Québec d’introduction avec effraction, voies de fait armées, voies de fait avec lésions et menaces de mort envers l’ancien policier spécialiste du crime organisé et sa mère.

En revanche, Deutz-St-Jean a été acquitté d’une accusation de possession d’une arme à feu.

Deutz-St-Jean, Bruno et un 3individu qui a déjà reconnu sa culpabilité, Sandel Pierre, ont fait irruption chez M. Poletti le 12 juin et l’ont battu à coups de poings, de pieds, de brique et de balai à neige. Durant l’altercation, l’ex-policier a témoigné avoir entendu l’un des assaillants crier : « Tue-le ».

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Les policiers ont photographié les blessures subies par M. Poletti lors de l’agression.

Ils ont aussi molesté la mère de l’ancien enquêteur en la poussant et en arrachant une chaine qu’elle portait dans son cou.

Les trois suspects avaient été conduits en voiture par un quatrième complice. Le véhicule de ce dernier a été intercepté par les policiers de Longueuil le jour même de l’agression et le conducteur, Deutz-St-Jean et Pierre ont alors été arrêtés tandis que Bruno l’a été plus tard.

Témoignage mis à l’épreuve

La preuve reposait sur une vidéo tournée par une caméra de surveillance du secteur avant et après le crime, sur de l’ADN trouvé sur une brique, des masques chirurgicaux et d’autres objets découverts dans le véhicule des suspects, sur des données contenues dans des téléphones cellulaires et sur la version du conducteur qui a témoigné contre ses complices.

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La brique ayant vraisemblablement servi à frapper M. Poletti a été retrouvée dans l’escalier de l’entrée de sa résidence.

Soulignant que celui-ci était « animé par un souci de dire la vérité », le juge Dalmau a conclu que le témoignage du conducteur contenait des faiblesses, mais que celles-ci étaient compensées par d’autres éléments de preuve démontrant hors de tout doute raisonnable la culpabilité des accusés.

Par contre, le juge a dit que la preuve n’avait pas démontré hors de tout doute que Deutz-St-Jean contrôlait un sac contenant une arme à feu retrouvé dans la voiture et qu’il savait ce qu’il contenait. Il l’a donc acquitté des chefs de possession d’arme.

Les observations sur la peine ont été reportées, pour la forme, au 20 janvier prochain.

La victime, Pietro Poletti, devrait témoigner.

Encore peur

Lors des observations sur la peine de Sandel Pierre en octobre dernier, l’ex-enquêteur a témoigné et dit « qu’il était complètement changé, mentalement et physiquement », qu’il avait encore peur aujourd’hui et qu’il s’est fait installer un système d’alarme dans sa résidence.

« Avant je sortais beaucoup, mais maintenant, je reste à la maison. J’habite sur une rue passante où tout le monde se connait. Avant, ma maison était toujours ouverte, tout le monde venait, mais là, la porte est toujours verrouillée ».

« Je prenais une marche tous les jours. Maintenant, quand je marche, je ne prends jamais le même chemin. Je fais du bénévolat de temps en temps à Ville-Émard, mais je ne reste pas tard et je m’arrange pour ne jamais être seul ».

« Je ne voyage plus le soir et la nuit. Je suis prudent. Même pour faire l’épicerie, je vais aller dans un autre secteur, je ne reste pas dans mon secteur, a déclaré M. Poletti.

Louangeant le travail de l’enquêteur de la région ouest du SPVM qui a piloté son dossier, M. Poletti s’est dit déçu que le SPVM n’ait pas mis plus de moyens et de ressources dans l’enquête.

« J’ai fait des enquêtes dans lesquelles des officiers de la Cour étaient menacés et on mettait tous les efforts possibles. Une enquête comme celle-ci, c’est le crime organisé qui aurait dû enquêter. Si on n’avait pas eu de témoin (un voisin) dans cette cause-là, je peux vous garantir qu’on n’aurait pas eu les accusés. C’est grâce au témoin et à un bon policier de Longueuil qu’ils ont arrêté les suspects », a tonné M. Poletti.

La Poursuite est représentée par MPhilippe Vallières-Roland et la Défense par MNoémie Tellier et MAlexie Galarneau.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.