Michaël Chicoine, 32 ans, de Wendake, a plaidé coupable mercredi du meurtre au deuxième degré de ses deux garçons, qu’il avait déjà admis avoir tués en les étouffant avec un oreiller en octobre 2020.

Le juge François Huot, qui a eu des mots très durs à son endroit, n’a pas tardé à endosser la suggestion commune de la défense et de la poursuite et l’a aussitôt condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 16 ans et 6 mois, une échéance qui sera comptabilisée à partir de la date de son incarcération en octobre 2020.

« J’en ai marre de ces lâches qui se vengent sur des enfants innocents », a martelé sans détour le juge Huot au moment de rendre son verdict.

Ce plaidoyer vient donc mettre un terme aux procédures judiciaires avant la tenue du procès, qui devait s’amorcer en janvier prochain devant juge et jury.

Pour le procureur au dossier, Me Jean-Simon Larouche, ce dénouement est satisfaisant et il s’inscrit dans la lignée des décisions rendues récemment dans les affaires impliquant de la violence, autant sexuelle que physique, envers les enfants.

Me Larouche a aussi rappelé que la famille des enfants avait été consultée tout au long du processus qui a mené à une suggestion de peine commune avec la défense.

« Avec la Charte (canadienne des droits) des victimes, on ne peut pas faire de suggestions communes dans des dossiers comme ça sans en parler avant avec les victimes. Évidemment, dans ce cas-ci, c’est un droit qu’elle avait qu’on lui en parle, qu’on en traite, et après qu’on lui a expliqué les raisons, les facteurs atténuants et les facteurs aggravants, elle comprenait la suggestion et elle était en accord avec cette suggestion-là », a-t-il expliqué.

Du côté de la défense, l’avocat Pierre Gagnon a reconnu que ce procès a été difficile pour tout le monde, incluant son client. C’est en partie pour cette raison que celui-ci a choisi de finalement plaider coupable pour le meurtre de ses deux garçons.

« Après plus de deux ans, il y a un cheminement qui s’est fait. Il y a eu des soubresauts dans cette affaire-là — on a remis en question l’état mental de mon client à quelques reprises — et finalement, il y a quelques semaines, celui-ci m’a confié le mandat d’entreprendre des pourparlers avec la poursuite et tenter d’en arriver avec un règlement qui serait pour lui acceptable », a-t-il mentionné à sa sortie de la salle d’audience.

Concernant la déclaration forte du juge Huot à la conclusion des procédures, Me Gagnon a reconnu qu’elle était « assez dure, mais compte tenu de la nature du crime pour lequel il (son client) a plaidé coupable, ces propos-là pouvaient sembler appropriés ».

La capacité de Michaël Chicoine de comprendre les procédures a dû être confirmée par une psychiatre à la demande du juge Huot, en raison de son historique chargé de problèmes de santé mentale.

Des photos des victimes envoyées à leur mère

Dans les minutes suivant le double meurtre, Chicoine avait envoyé des photos des deux enfants, inertes dans leur lit, à sa propre mère ainsi qu’à la mère des enfants, Émilie Arsenault, de qui il était séparé depuis près de deux ans.

La mère du meurtrier avait aussitôt communiqué avec les policiers, mais ceux-ci n’avaient pu que constater les décès d’Alex, deux ans et d’Olivier, cinq ans.

L’infanticide s’était produit dans un contexte de conflit entourant la garde des enfants.

Violence en pleine Cour

Depuis le double meurtre, la santé mentale de l’accusé a fait l’objet de discussions à répétition, alors qu’il était connu et qu’il cherchait à être déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.

À quelques reprises, lors de procédures préliminaires, il avait insulté et menacé les juges impliqués et fait un geste méprisant envers son ex-conjointe. Plus récemment, en octobre, en pleine audience, il avait violemment agressé deux constables, dont un avait été blessé après avoir mis de longues minutes à le maîtriser. Il avait également agressé un agent correctionnel à la prison où il était détenu.

« Son passé au niveau de la santé mentale pourrait certainement expliquer les comportements qu’il a pu y avoir de façon sporadique au cours de l’évolution du dossier », a commenté son avocat, Me Gagnon, mercredi.

Malgré ces démonstrations inquiétantes, il avait été jugé apte à subir son procès.

Poursuite de 2 millions de la mère

L’affaire a fait grand bruit à travers le Québec dans la foulée du décès d’une fillette de sept ans, à Granby, car là aussi la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) avait été alertée, et ce, à au moins trois reprises, mais n’était pas intervenue.

Émilie Arseneault poursuit le gouvernement du Québec pour deux millions de dollars. Elle reproche à la DPJ de ne pas avoir agi malgré le fait que l’agence ait été contactée à trois reprises avant le décès de ses enfants, une information qu’avait confirmée le ministre responsable de la protection de la jeunesse, Lionel Carmant.