Le complotiste Stéphane Blais a été radié à vie de l’Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) du Québec et condamné à payer une amende de 20 000 $ par le conseil de discipline de l’Ordre.

C’est la sanction qu’il a reçue le 3 juin après avoir été trouvé coupable le 2 février dernier d’acte dérogatoire à l’honneur et à la dignité de la profession et d’entrave au travail du syndic adjoint.

M. Blais faisait face au premier chef d’accusation pour une multitude de vidéos et publications véhiculant des théories du complot et de fausses informations publiées en 2020 et dans lesquels il se présente souvent comme CPA. Le deuxième chef d’accusation concerne sa tentative d’intimidation du syndic Claude Maurer, dont M. Blais a aussi essayé de freiner l’enquête.

L’ex-CPA est aussi président de la Fondation pour la défense des droits et libertés du peuple (FDDLP), une organisation qui a intenté une poursuite en mars 2021 contre le gouvernement québécois pour les mesures sanitaires prises pour lutter contre la COVID-19.

Parmi les publications citées par le conseil de discipline, un tweet dans lequel il interpelle l’ancien directeur national de la santé publique, le DHoracio Arruda : « [vous] fantasmez sur Bill Gates et l’OMS et rêvez en secret que vos enfants et petits-enfants soient vaccinés de forces et vivent dans un État policier ».

Dans une publication sur Facebook, M. Blais se demande « pourquoi toutes ces mesures ultra contraignantes ? Ma réponse : Parce que cette crise était préméditée. Le virus est un prétexte pour nous conditionner à la docilité et à la répression policière ».

« Les commentaires de l’intimé [M. Blais] ont suscité huit demandes d’enquête à son sujet au Bureau du syndic de l’Ordre », peut-on lire dans la décision sur la culpabilité. Ces propos « ne sont pas fondés sur des motifs raisonnables, ne sont pas des commentaires auxquels le public en général est en droit de s’attendre d’un membre de l’Ordre et sont susceptibles de faire perdre la confiance du public dans la profession ».

En ce qui concerne le deuxième chef d’accusation, « les manquements de collaboration et les entraves de l’intimé à l’enquête du plaignant […] sont multiples et sans nuance », note le conseil. « Il est particulièrement gravissime que l’intimé ait exigé la démission du plaignant, son congédiement, sa radiation provisoire du tableau de l’Ordre […] le tout sur la place publique. »

L’argumentaire de M. Blais pour sa défense, reproduit dans le jugement sur sa culpabilité, repose largement sur des affirmations confuses et du langage pseudojuridique rappelant les thèses du mouvement des « citoyens souverains ».

Dans une correspondance au conseil de discipline de l’ordre, par exemple, M. Blais se présente comme « Stéphane : Blais, être humain vivant, souverain, sain d’esprit et seul agent autorisé pour le NOM “STÉPHANE BLAIS” désignant la personne physique, une fiction existant par pure tromperie (dol) à l’encontre de Stéphane Blais, l’être humain, une chose administrée sous juridiction maritime et une créature propriété du gouvernement tel que le directeur de l’état civil pourra confirmer sous serment ».

« L’intimé semble réitérer des arguments qui l’amènent à croire “qu’il est jugé par un tribunal partial” », note le jugement sur la sanction, qui n’était pas encore disponible en ligne au moment de publier ce texte. M. Blais ne s’est cependant pas présenté aux audiences sur la culpabilité ni sur la sanction pour étayer ses propos. Le conseil ne s’est donc pas penché sur ces arguments.

L’imposition d’une radiation à vie est « nécessaire », peut-on lire dans la décision, « considérant la gravité objective des infractions dont il a été reconnu coupable et le danger qu’il représente pour la protection du public ». Le conseil prend notamment en compte son « haut risque de récidive dans l’éventualité d’un retour à la profession ».

M. Blais lui donne raison dans une publication sur sa page Facebook jeudi : « Si c’était à refaire, je referais la même chose », écrit-il. Il se plaint également de n’avoir « jamais consenti à être jugé par ce tribunal partial ».