Un homme âgé de 31 ans aurait été abattu par des policiers, mardi après-midi à Joliette, alors qu’il poignardait une femme. Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) s’est immédiatement saisi du dossier et tentera de faire la lumière sur les évènements.

Les faits se sont produits vers 14 h 45, d’après un bilan préliminaire. À cette heure, la Sûreté du Québec (SQ) aurait d’abord reçu une demande d’intervention pour un « conflit familial ». Selon nos informations, c’est une tierce personne qui a composé le 911, et non la femme ou quelqu’un d’autre dans le logement.

Une fois sur place, les agents de la SQ auraient d’abord entendu beaucoup de bruit et une « femme crier ». Conscients de l’urgence de la situation, ils ont alors décidé de défoncer la porte de la résidence et se sont retrouvés devant un « homme qui poignardait une femme ».

C’est à ce moment qu’un policier aurait ouvert le feu sur l’homme, qui a été transporté d’urgence dans un centre hospitalier à proximité, où son décès a toutefois été constaté. Selon nos sources, seuls l’un des deux policiers, qui cumule plusieurs années d’expérience, aurait tiré. De son côté, la victime, qui aurait été poignardée à plusieurs reprises, a également été transportée à l’hôpital « pour y soigner ses blessures », soulève le Bureau des enquêtes indépendantes. Sa vie ne serait toutefois pas en danger, à l’heure actuelle.

Au cours des prochains jours, l’enquête du BEI aura pour but de déterminer si l’ensemble de ces informations sont fondées. Au total, sept enquêteurs seront chargés d’étudier le dossier en profondeur.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) agira aussi à titre de « corps de police de soutien » dans l’enquête. Deux techniciens en identité judiciaire seront ainsi prêtés pour toute la durée de l’investigation. Toute personne détenant des informations pertinentes dans cette affaire est priée de communiquer avec le Bureau, via son site web, dès que possible.

Enjeu préoccupant

Au début de mars, alors qu’on avait déjà recensé cinq féminicides en moins d’un mois au Québec, la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, avait demandé à la population de rester à l’affût des signes de violence conjugale autour d’elle.

Le fait de voir les cas qui s’additionnent, ça me fait excessivement peur.

Isabelle Charest, ministre de la Condition féminine, en entrevue avec La Presse

Le premier ministre du Québec, François Legault, s’était aussi exprimé sur le sujet, dans la foulée du meurtre de Sylvie Bisson, 60 ans, et de sa fille Myriam Dallaire, 28 ans, tuées à coups de hache dans leur résidence de Sainte-Sophie. « Ça n’a pas de bon sens qu’en 2021, on vive comme des barbares. Nous sommes dans une société civilisée. Toutes les femmes et tous nos enfants ont le droit à un milieu sécurisé, avait martelé M. Legault. Il n’y a rien de masculin, il n’y a rien de viril à être violent avec une femme. Au contraire, je trouve ça lâche. »

Seulement dans la dernière année, les centres d’hébergement pour femmes Les Maisons de l’Ancre ont dû refuser 895 demandes d’hébergement, faute de place. Selon la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, au moins 10 000 demandes ont dû être refusées au Québec en 2020.

Autre enquête en cours

Une autre investigation a par ailleurs été ouverte par le BEI mardi, en lien avec la mort d’une femme pendant une opération radar du SPVM. Cette fois, six enquêteurs de l’organisation ont été affectés, en plus de reconstitutionnistes en scène d’accident de la Sûreté du Québec.

Les faits se sont produits en après-midi. D’abord capté pour excès de vitesse, le conducteur d’un véhicule qui avait reçu l’ordre de s’immobiliser aurait plutôt poursuivi sa route, forçant les policiers à le pourchasser.

Dans les minutes qui ont suivi, le conducteur aurait alors accéléré et « perdu la maîtrise de son véhicule », heurtant au passage une piétonne de 79 ans qui passait par là. Son décès a été constaté à l’hôpital. Quant au véhicule suspect, ses occupants auraient pris la fuite à pied. Le SPVM a peu après constaté que la voiture avait été rapportée volée.

Avec Daniel Renaud et Véronique Lauzon, La Presse, et La Presse Canadienne