Deux associations policières se tournent vers les tribunaux pour faire invalider la décision du gouvernement Legault d’abolir le corps de police local de Mont-Tremblant. Elles déplorent notamment que le choix des autorités ne soit en rien basé sur des faits avérés.

« C’est évident pour nous que la décision de la ministre repose sur des faussetés qui n’ont jamais été prouvées », martèle le président de la Fédération des policières et policiers municipaux du Québec (FPMQ), François Lemay. Il déplore que le Comité consultatif sur la réalité policière (CCRP) n’ait pas encore formulé ses recommandations sur la question du financement des corps policiers, pourtant « centrale » à ce débat.

Joint par La Presse, M. Lemay soutient que le lien de confiance avec Québec est « malheureusement brisé par la décision d’abolir le Service de police de Mont-Tremblant ». « Jamais nous n’avons pu nous douter que la décision serait prise de cette façon. Dans toute bonne relation, c’est la confiance qui fait la différence et ils ont malheureusement décidé de briser celle qui marquait nos relations », fustige-t-il.

Son groupe avait menacé la semaine dernière d’utiliser la voie des tribunaux, au moment où le gouvernement autorisait la demande de la Ville de Mont-Tremblant d’abolir son corps de police. Jusqu’ici, la police de Mont-Tremblant desservait deux territoires, soit celui de la Ville de Mont-Tremblant, qui compte un peu plus de 10 000 habitants, ainsi que la petite municipalité de Lac-Tremblant-Nord.

À terme, c’est la Sûreté du Québec qui doit desservir toute l’agglomération de Mont-Tremblant, à l’issue d’un processus de transition qui n’est pas encore achevé.

La FPMQ sera représentée par l’ex-procureur de la commission Charbonneau, Denis Gallant. Ce dernier a déposé mercredi une demande introductive d’instance en « déclaration de nullité » ainsi qu’une demande d’ordonnance de sauvegarde devant la Cour supérieure. D’autres recours, dont un pour diffamation, ont déjà été déposés au Tribunal administratif du travail (TAT) dans ce dossier.

Des combats sur plusieurs fronts

Soutenu par la Fraternité des policiers de la ville de Mont-Tremblant (FPMTT), le groupe tente aussi de faire invalider la résolution initiale du conseil municipal de Mont-Tremblant. D’après M. Lemay, Québec a été « berné » par le maire de Mont-Tremblant, Luc Brisebois, et la mairesse de Lac-Tremblant-Nord, Kim Meyer, quand ceux-ci ont « laissé entendre que les services rendus à la population n’étaient plus assurés ».

La semaine dernière, le conseil de l’agglomération de Mont-Tremblant avait plaidé que la nouvelle desserte policière, assurée par la Sûreté du Québec (SQ), constitue « la meilleure option pour assurer la sécurité de la population et offrir un meilleur service à moindre coût », en plus d’augmenter les effectifs et de générer des économies substantielles.

Mes membres n’ont évidemment pas digéré l’annonce de l’abolition. Ce qui fait le plus mal, c’est que la décision a visiblement été basée sur des faussetés. Les policiers de Mont-Tremblant sont des professionnels et ils méritent des excuses.

Serge-Alexandre Bouchard, président de la FPMTT

Dans un communiqué, la résidante Danièle Adam, porte-parole du regroupement citoyen soutenant le maintien d’un corps policier local, a souligné que « nos policiers font un travail beaucoup trop important dans notre communauté pour qu’on les perde », en demandant une rétractation de Québec.

Le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault n’a pas souhaité réagir mercredi. « Puisqu’il s’agit de procédures judiciaires, nous ne commenterons pas », a dit son attachée de presse, Amélie Paquet. Plus tôt, l’élue avait soutenu que l’autorisation d’abolir le corps de police a été accordée « à la suite d’un processus rigoureux et légalement encadré ».

Elle a fait valoir que la Sûreté du Québec, l’Union des municipalités du Québec, la Fédération québécoise des municipalités et l’Association des policières et policiers provinciaux du Québec soutiennent la démarche. Ces organismes n’ont toutefois pas fait de commentaires, mercredi. Le directeur du Service des communications de la Ville de Mont-Tremblant, Maxime Dorais, a aussi indiqué qu’il n’émettra aucun commentaire à ce sujet pour le moment, « comme le dossier fait l’objet de procédures judiciaires ».