(Sainte-Adèle) La MRC des Pays-d’en-Haut est dans l’embarras après la mort d’une cycliste tuée par une barrière du P’tit train du nord sur laquelle s’étaient pourtant sérieusement blessées trois autres personnes dans les semaines précédentes.

La mince barrière de métal, située sur le tronçon de la piste cyclable qui passe dans Sainte-Adèle, n’était pas visible le jour où Pierrette Gamache l’a heurtée de plein fouet, en septembre 2019.

La femme de 74 ans, pourtant en pleine forme, est morte à l’hôpital quelques dizaines de minutes après la collision. Les médecins n’ont pu stopper ses importants saignements internes.

Dans les deux mois qui ont précédé son accident, trois autres cyclistes s’étaient blessés en fonçant sur la même structure, située à l’intersection de la rue de la Traverse, au pied d’un faux plat, au début de l’été 2019. Deux d’entre eux ont subi une fracture des côtes, révèle l’enquête du coroner sur cette mort. Le dernier accident remontait seulement à l’avant-veille de la mort de Pierrette Gamache.

« J’essaie de comprendre, mais je n’y arrive pas », a dit son fils François Groleau en entrevue avec La Presse. Il dénonce la conception de la barrière, constituée d’un simple tuyau d’acier à l’horizontale, mais aussi le manque de réactivité des autorités après les accidents à répétition.

« C’était une mère et une grand-mère rassembleuse. Il y a beaucoup de choses qui tournaient autour d’elle, beaucoup d’évènements familiaux », a-t-il raconté.

Mort « évitable »

MJulie Blondin, coroner qui a enquêté sur la mort de Pierrette Gamache, a conclu que le décès de la retraitée n’était pas inéluctable.

Mme Gamache n’a pas vu la barrière lors de sa randonnée. Le facteur météo n’est pas en cause. Il faisait beau et chaud. L’aspect mécanique du vélo ne semble pas être non plus en cause. Le décès de Mme Gamache était évitable et causé par une barrière qui était non visible au loin par les cyclistes.

Extrait du rapport de MJulie Blondin, coroner

Les accidents préalables à la mort de Pierrette Gamache n’ont émergé qu’après que l’accident mortel a fait l’objet d’un article dans un journal local. Des blessés ont omis d’avertir qui que ce soit de leur mésaventure, alors que d’autres comptaient sur le système de santé (ambulanciers, médecins, infirmières) pour faire remonter l’information.

Quoi qu’il en soit, François Groleau est d’avis que la corporation qui gère le P’tit train du nord aurait dû savoir que sa barrière avait blessé des cyclistes.

« À mon avis, faut que tu saches ce qui se passe dans ton parc linéaire, a-t-il dit. Il y a peut-être un manque au niveau des mécanismes de communication. »

Poursuite possible

  • Nouvelle barrière, beaucoup plus visible, installée après la mort de Mme Gamache

    PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

    Nouvelle barrière, beaucoup plus visible, installée après la mort de Mme Gamache

  • Barrière au moment de l’accident qui a coûté la vie à Mme Gamache

    PHOTO EXTRAITE DU RAPPORT DU CORONER

    Barrière au moment de l’accident qui a coûté la vie à Mme Gamache

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La MRC des Pays-d’en-Haut et la Corporation du P’tit train du nord plaident qu’ils ne pouvaient pas agir sans être informés. Ils ajoutent que les barrières sont essentielles pour bloquer l’accès aux véhicules à moteur, dont la présence serait encore plus dangereuse.

André Genest, préfet de la MRC, a affirmé à La Presse que la barrière qui a tué Pierrette Gamache répondait aux normes du ministère des Transports, mais que des autocollants qui la rendaient plus visible ont pu être retirés par des vandales.

« Cette barrière-là est souvent endommagée », a-t-il dit. « On a ajouté des éléments » après l’accident de Mme Gamache, a-t-il ajouté.

Jean-Sébastien Thibault, président de la Corporation du P’tit train du nord, a affirmé que son organisation étudiait encore le rapport de la coroner Blondin, pourtant signé en juin dernier. « On avait un processus de nouvelles barrières d’entamé bien avant le décès, a-t-il dit. Ce n’est pas en lien avec le décès, les barrières étaient en reconfiguration. »

La famille de la victime réfléchit à la possibilité de lancer des procédures judiciaires contre la MRC des Pays-d’en-Haut et la Corporation du P’tit train du nord. Une rencontre avec leurs assureurs a déjà eu lieu.

À présent, plusieurs signaux visuels ont été ajoutés afin de rendre la barrière plus visible.