Une « aide d’urgence » allouée mercredi par Québec permettra à l’Accueil Bonneau de maintenir ses services d’aide alimentaire sept jours sur sept pendant « quelques mois », le temps de trouver « des solutions pérennes » au manque de financement chronique de l’organisme.

L’établissement du Vieux-Montréal craignait de devoir cesser la distribution de repas dès février, ce qui serait susceptible d’engendrer, disait-il, « une catastrophe qui pourrait avoir de graves conséquences pour l’écosystème de la lutte à l’itinérance dans le Grand Montréal ».

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a rencontré mercredi matin la directrice générale de l’Accueil Bonneau, Fiona Crossling, pour éviter une rupture de service dans la distribution quotidienne de quelque 400 repas, rue de la Commune.

« C’est certes un soulagement tant pour les personnes qui bénéficient d’un repas chaud chaque jour que pour les employés dont les postes étaient jusqu’ici menacés par cette situation », a déclaré Mme Crossling dans un communiqué à l’issue de la rencontre.

Selon nos informations, l’organisme d’aide aux personnes en situation d’itinérance ou de précarité pourra puiser dans un fonds de quelque 7 millions qui sera géré par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Ce financement in extremis permettra à l’Accueil Bonneau de maintenir ses services jusqu’au 31 mars, « le temps que la problématique à long terme soit réglée grâce à un financement annuel à la mission adéquat, prévisible et récurrent ».

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

L’organisme avait annoncé qu’il mettrait fin à ses services de repas les week-ends dès le 6 janvier. Grâce à l’aide annoncée mercredi matin, la distribution alimentaire reprendra sept jours sur sept à partir de la mi-janvier.

À la fin du mois de décembre, La Presse a révélé que l’Accueil Bonneau, en activité depuis près de 150 ans, était au bord du gouffre après trois années de déficits. Ses dépenses – coûts de main-d’œuvre, inflation, hausse des besoins sociaux – ont augmenté ces dernières années, mais ses revenus ont plafonné, voire diminué en raison de la fin des aides pandémiques.

Lisez l’article « Au bord du gouffre, l’Accueil Bonneau réduit ses services »

L’offre alimentaire « est un service essentiel, mais qui ne cadre pas dans l’enveloppe de financement du PSOC [Programme de soutien aux organismes communautaires] », expliquait la directrice générale, Fiona Crossling, en entrevue.

« L’Accueil Bonneau offre du logement de transition et à long terme, mais n’offre pas d’hébergement d’urgence 24/7. Puisqu’on ne coche pas cette case-là, nos demandes de rehaussement de catégorie de financement à la mission ne sont pas acceptées. »

L’organisme avait annoncé qu’il mettrait fin à ses services de repas les week-ends dès le 6 janvier. Grâce à l’aide annoncée mercredi matin, la distribution alimentaire reprendra sept jours sur sept à partir de la mi-janvier.

Des questions en suspens

À l’issue de la rencontre, M. Carmant a écrit sur X que lui et Mme Crossling avaient « convenu que le service de repas serait maintenu par le biais d’une aide d’urgence », mais que le développement de services ouverts 24/7 s’avérait nécessaire à long terme, ce qui ouvrirait la porte à du financement additionnel.

« C’est un élément fondamental si l’on souhaite offrir les meilleurs services possibles et aider les personnes en situation d’itinérance à sortir de la rue », a-t-il commenté. « Les discussions se poursuivent afin de trouver une solution pérenne aux enjeux de financement de l’Accueil Bonneau. C’est une priorité pour notre gouvernement. »

« Les discussions avec le gouvernement du Québec se poursuivant, l’Accueil Bonneau n’émettra pas d’autres commentaires pour le moment », a pour sa part fait savoir Fiona Crossling.