La Ville de Montréal soupçonne un col bleu d’avoir commis un délit de fuite en état d’ébriété au volant d’une chenillette à trottoir, très tôt lundi dernier au centre-ville, a appris La Presse.

La Ville l’a rapidement suspendu. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquête sur la situation.

Pour empirer son cas, le travailleur aurait proféré des insultes racistes et des menaces à des collègues après être rentré à la cour de voirie. « C’est [un collègue] qui m’a snitch l’esti », aurait-il affirmé, selon la lettre de suspension qui lui a été remise et que La Presse a obtenue. « De quoi il se mêle ce Noir-là ? » Le mot « snitch » signifie « mouchard ».

Le col bleu aurait ensuite mentionné : « je lui crisserais mon poing dans la gueule », selon le même document, qui ne précise pas l’identité de la cible de ces menaces.

Au volant de sa chenillette, le col bleu aurait accroché et endommagé un véhicule dans la rue Chapleau, entre les rues Hochelaga et de Rouen, vers 2 h.

Vous ne vous êtes pas arrêté, vous avez quitté les lieux en faisant un signe de silence à votre collègue et vous n’avez pas déclaré l’accident. À votre retour à la cour de service Bercy, il a été constaté par les gestionnaires que vous aviez des signes de facultés affaiblies.

Extrait de la lettre de suspension remise au col bleu

Les dommages causés par les chenillettes et les autres véhicules de déneigement sont légion dans les rues de Montréal, les citoyens prenant souvent la parole publiquement pour dénoncer la vitesse à laquelle ils circulent.

« Vous avez contrevenu gravement au Code de conduite du personnel de la Ville de Montréal et vous avez manqué à votre obligation qui découle de l’encadrement sur l’usage d’alcool, de drogues et de médicaments », poursuit la lettre de suspension, datée du jour même de l’évènement.

La Presse a choisi de ne pas identifier le col bleu en question, parce que les allégations à son endroit n’ont pas encore été confirmées par les enquêtes en cours.

Deux enquêtes ouvertes

Le SPVM a confirmé avoir ouvert une enquête sur un évènement survenu à l’endroit et au moment mentionnés dans la lettre de suspension.

« Les policiers se sont rendus sur les lieux et ont constaté qu’il y avait des dommages sur un véhicule, s’agissant ainsi d’un délit de fuite », a indiqué le porte-parole policier Julien Lévesque.

Des témoins ont été rencontrés sur les lieux. Un travail de recherche de caméras aux alentours a été effectué. Un rapport a été rédigé et transféré aux enquêteurs du SPVM qui tenteront d’identifier l’individu qui était au volant.

Julien Lévesque, porte-parole du SPVM

Le syndicat représentant le travailleur impliqué n’a pas voulu commenter le fond de l’affaire.

« Nous avons été avisés qu’un de nos membres a été suspendu administrativement », a indiqué Jean-Pierre Lauzon, président du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal, dans une déclaration transmise par courriel. « Il y a enquête donc nous ne pouvons pas commenter davantage. Nous suivrons le dossier. »

La Ville de Montréal n’a pas été beaucoup plus loquace.

« Une enquête a été ouverte pour faire la lumière en lien avec cette situation », a indiqué le porte-parole Guillaume Rivest.

« En considérant le processus en cours et en respect de la confidentialité des dossiers de ses employés, la Ville de Montréal et l’arrondissement de Ville-Marie n’émettront aucun autre commentaire à ce sujet », a-t-il ajouté.