Montréal a complètement interdit à ses pompiers de pratiquer des sports dans les garages de ses postes, après qu’un travailleur s’est grièvement blessé, l’été dernier, en jouant au pickleball.

Le pompier est tombé à travers une porte vitrée, l’a fracassée et s’est infligé des coupures extrêmement profondes qui l’empêcheront probablement de travailler pour des années, selon son syndicat.

Il n’est pas le seul pompier montréalais qui s’est blessé dans un tel contexte. Environ 16 accidents et incidents de travail en lien avec des activités de mise en forme ont été recensés au cours des deux dernières années dans les casernes, selon un rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Ces événements vont du plus bénin au plus grave.

« Un besoin est présent quant à l’encadrement des pratiques de mise en forme pour les pompiers lors des gardes », indique le document, obtenu en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels. « Une analyse plus poussée doit être faite. »

Jusqu’à l’accident, les pompiers de Montréal utilisaient l’espace de leur caserne (parfois en sortant les camions) pour se divertir tout en faisant de l’exercice. « Les gars jouaient au hockey cosom, au volleyball », a expliqué Chris Ross, président de l’Association des pompiers de Montréal (APM), la semaine dernière.

C’est une partie de pickleball (un sport de raquette) qui a tourné au drame pour un pompier du poste 38, à Pointe-aux-Trembles, en juillet dernier. « Un déséquilibre amène le travailleur à percuter la porte de garage et à défoncer deux fenêtres basses sur la porte de garage », relate le rapport de la CNESST. « Il s’est ouvert les bras comme des Subway », résume M. Ross, faisant référence aux pains à sous-marins tranchés tout du long.

« On n’a pas le choix »

Depuis, le sport demeure interdit dans les garages des casernes. Une première directive administrative a été émise en juillet et celle-ci a été renouvelée jusqu’à la fin du mois de janvier prochain. Elle risque fort d’être rendue permanente, selon la CNESST.

La majorité des 66 postes du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) sont dotés de salles d’exercice avec des appareils de conditionnement physique, mais la pratique de sports d’équipe est pratiquement impossible. Quelques rares casernes disposent de terrains de sport.

« En attendant les résultats de l’enquête, un comité paritaire a été mis en place pour recueillir l’information nécessaire afin de revoir l’encadrement des activités sportives en caserne », a indiqué Guy Lapointe, chef de division au SIM. « Cette interdiction ne vise pas l’utilisation d’endroits qui sont aménagés spécifiquement aux fins d’activités sportives. »

M. Lapointe a affirmé que le SIM continue à travailler avec les représentants des employés dans ce dossier. L’APM est d’ailleurs d’accord avec la décision de l’employeur de faire interdire le sport dans les garages de postes de pompiers.

« On n’a pas le choix », a affirmé M. Ross. D’autant plus, a-t-il dit, que les garages de caserne sont contaminés par les résidus cancérigènes provenant du matériel utilisé pour combattre les incendies. « Ce n’est pas nécessairement la place pour faire du conditionnement physique non plus, a-t-il ajouté. Il faut brosser un portrait et regarder d’autres pistes de solution. »

Le SIM avait déjà interdit certaines pratiques sportives dans ses casernes. Depuis 2015, « le SIM est intervenu à quelques reprises afin d’interdire spécifiquement des activités précises (ex. : tire flip de 300 lb, box jump et mur d’escalade) ».