Le nombre d’enfants tués ou blessés gravement lors d’une collision sur le réseau routier est en hausse à Montréal, et excède désormais les données de 2019, avant la pandémie

Deux enfants tués en 2022

Selon la Ville, 2 enfants ont été tuées, 12 ont été grièvement blessés et 420 ont été légèrement blessés dans des collisions impliquant des véhicules automobiles en 2022. Selon la Ville, 78 % des jeunes blessés gravement étaient piétons ou cyclistes. Ces trois catégories sont en hausse par rapport à 2019, soit avant la pandémie.

Zone plus vaste


IMAGE FOURNIE PAR LE SERVICE DE L’URBANISME ET DE LA MOBILITÉ DE LA VILLE DE MONTREAL

Distribution des collisions impliquant des jeunes blessés (0-17 ans) sur le périmètre d’une école sur l’île de Montréal pour la période 2013-2022

Montréal et plusieurs autres municipalités ont affirmé leur volonté de mieux sécuriser les abords des écoles. Or, selon les données dévoilées, « la grande majorité des jeunes blessés lors des 10 dernières années et les 7 décès de jeunes se sont produits en dehors du périmètre de l’école », note le document Sécurisation aux abords des écoles, du Service de l’urbanisme et de la mobilité. Cela laisse entendre que la sécurisation devrait s’étendre à une zone plus vaste pour avoir des chances d’améliorer la sécurité des déplacements actifs des enfants.

Cheminement scolaire

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’intersection des rues de Rouen et Parthenais, où la petite Mariia Legenkovska, 7 ans, est morte en décembre 2022 après avoir été happée par un automobiliste

Cet état des lieux montre l’importance de penser en fonction du « cheminement scolaire » plutôt que de la « zone scolaire », affirme Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de l’organisme Piétons Québec. « Les dangers de collision pour les enfants ne sont pas seulement sur la rue devant l’école, mais bien tout au long du trajet qu’ils ont à faire à pied ou à vélo. Ces trajets sont simples à analyser : on a le code postal des élèves, alors c’est assez facile de voir par où ils vont passer pour se rendre à l’école. » Elle souligne que la collision tragique qui a coûté la vie à la jeune Mariia Legenkovska, 7 ans, morte après avoir été happée sur le chemin de l’école par un automobiliste en décembre 2022, a eu lieu dans une rue de l’arrondissement de Ville-Marie. « Ça ne s’est pas produit devant l’école. On pense souvent au-devant de l’école, mais ça démontre l’importance d’offrir un parcours sécuritaire aux enfants qui vont en classe, mais aussi qui vont au parc, à la bibliothèque, au camp de jour, chez leurs amis… »

96 interventions

La Ville de Montréal note que son Programme de sécurisation aux abords des écoles (PSAE) a permis de réaliser 96 interventions dans 16 arrondissements aux abords des écoles, incluant des saillies de trottoir, des dos d’âne, des débarcadères aux entrées d’école et des traverses piétonnes sécuritaires, notamment. Quelque 56 000 élèves sont touchés par ces projets, note la Ville.

Les transports actifs ont la cote chez les enfants

La majorité des enfants de Montréal utilisent les transports actifs pour se rendre à l’école, surtout dans les quartiers centraux, note la Ville. Dans ces arrondissements, c’est 73 % des jeunes qui rejoignent leur lieu d’enseignement à la marche ou à vélo. Cela, en dépit du fait que la part modale de la marche et du vélo pour se rendre à l’école est en déclin depuis les années 1970. « Montréal reste une ville où la part modale des transports actifs est élevée pour l’accès à l’école », note la Ville.

Une rue pour tous

L’idée de sécurisation est de faire une rue pour tous, pas seulement une zone scolaire pour tous, signale Sandrine Cabana-Degani. « C’est par exemple ce que l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville a fait comme démarche. Ils ont regardé tout le territoire, et pas seulement l’environnement immédiat des écoles. Cela a permis de sécuriser plusieurs rues transversales au boulevard Henri-Bourassa, des endroits qui sont aujourd’hui plus agréables à utiliser pour les enfants, mais aussi pour tous les citoyens qui se déplacent à pied le long de cet axe avec un fort débit de circulation motorisée. » Envoyer les enfants sur les rues peu passantes ne fonctionne pas, dit-elle. « Les enfants et les adultes cherchent naturellement le chemin le plus court entre deux points. Donc ils ne feront pas un détour pour emprunter une petite rue paisible. C’est illusoire de penser ça. C’est pour cette raison que chaque rue doit être pensée en fonction des besoins de l’ensemble des usagers. »

Consultez une carte recensant les collisions à Montréal
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  • 79 %
    Proportion des 577 établissements scolaires publics et privés du primaire ou du secondaire qui sont bordés par au moins un tronçon du réseau artériel
    Source : ville de montréal