Un important groupe de manifestants opposés au retrait d’espaces de stationnement pour permettre l’aménagement de pistes cyclables dans le quartier Parc-Extension se sont bruyamment fait entendre mardi soir, avant la réunion du conseil d’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.

Tandis qu’ils scandaient « on veut nos stationnements ! », en français et en anglais, sur les marches de la mairie d’arrondissement, un groupe de cyclistes, moins nombreux, leur répondaient « on veut nos pistes cyclables ! ».

Plusieurs policiers à vélo séparaient les deux groupes pour éviter les échauffourées.

De nouvelles pistes cyclables sont en cours d’aménagement dans ce quartier multiethnique et densément peuplé, notamment dans les avenues Ball, Querbes et de l’Épée. Il s’agit de voies unidirectionnelles, dans chaque direction, qui nécessitent le retrait du stationnement sur rue sur tout un côté, soit environ 260 espaces pour les véhicules motorisés.

Les opposants à ces aménagements dénoncent le fait qu’il n’y a pas eu de consultation sur la disparition de ces espaces.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

« Nous voulons des consultations publiques. Oui, nous voulons des pistes cyclables sécuritaires, mais en gardant nos stationnements », a lancé devant les manifestants Sia Spanoudakis, une des porte-parole du groupe.

Vandalisme

Il y a quelques jours, des punaises ont été répandues sur la voie cyclable. Il y a quelques semaines, c’est de la peinture et de l’huile qui avaient été versées sur la chaussée, avant que les employés municipaux ne fassent les travaux d’aménagements nécessaires pour la nouvelle piste.

La conseillère du district de Parc-Extension, Mary Deros, qui fait partie de l’opposition, a dénoncé ces actes de vandalisme, au début de la séance du conseil d’arrondissement. Mais dans la foulée, elle a demandé aux élus de Projet Montréal, dont la mairesse d’arrondissement Laurence Lavigne-Lalonde, d’écouter les opinions des opposants.

« Ça fait 25 ans que je suis élue et je n’ai jamais vu un tel mécontentement », a affirmé Mme Deros.

Questions du public

La mairesse d’arrondissement a été prise à partie par plusieurs citoyens lors de la période de questions du public, lors d’interventions très émotives. « Honte à vous tous ! », a lancé Manon Descarries, jeune mère vivant dans l’avenue Querbes. « Pourquoi vous refusez d’écouter les gens ? Il y a d’autres solutions possibles. Ma communauté est multiethnique, composée de gens qui ne sont pas riches et qui travaillent fort, mais qui sont ignorés. »

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Laurence Lavigne-Lalonde a répondu aux nombreuses questions en affirmant que, étant donné la largeur de la rue, il était impossible d’aménager une piste cyclable sécuritaire en gardant tous les espaces de stationnement sur rue.

« Lors des consultations sur des mesures d’apaisement de la circulation, plusieurs citoyens ont mentionné leur désir d’avoir des axes cyclables plus sécuritaires dans le quartier, a dit la mairesse d’arrondissement. Notre travail, en tant qu’élus, c’est de trancher, et c’est ce qu’on a fait. »

Mme Lavigne-Lalonde a réitéré, comme elle l’avait affirmé lors de la précédente séance du conseil, que la Ville de Montréal n’avait pas la responsabilité de trouver un espace de stationnement pour chaque véhicule sur le domaine public.

Les nouvelles pistes cyclables font cependant des heureux parmi les cyclistes. « Enfin, en tant que cycliste, je peux me déplacer dans le quartier sans risquer de me faire tuer », s’est réjouie Julie Nadeau-Lavigne, lors de son intervention au conseil d’arrondissement.