Les principaux syndicats municipaux de Montréal sont en furie devant le versement d’un double boni de performance aux cadres de la ville.

Les cols blancs et les cols bleus se sont dits « outrés » d’avoir appris dans La Presse de ce matin que leurs patrons ont reçu deux primes en 2023. La mairesse Plante fait valoir qu’il s’agit simplement des montants dont ils ont été privés en 2020, pendant la pandémie.

« C’est absolument ahurissant de voir que les cadres sont plus respectés par cette administration que les cols blancs et les cols bleus qui sont directement responsables des services aux citoyens », ont affirmé les présidents syndicaux Patrick Dubois et Jean-Pierre Lauzon, dans un communiqué émis en milieu de journée.

Les deux hommes rejettent l’argument de Valérie Plante à l’effet qu’il s’agit simplement de la prime de 2020 versée avec du retard.

Mais sur quelle planète vit cette administration ? Pendant que les cadres faisaient du télétravail, se sont nos membres qui étaient dans la rue pour offrir les services aux Montréalais, ont ajouté les syndicalistes. Où sont leurs remerciements ?

Extrait du communiqué des présidents syndicaux Patrick Dubois et Jean-Pierre Lauzon

Les deux organisations voudraient faire rouvrir leur convention collective respective afin que l’inflation des dernières années soient prise en compte dans les hausses salariales. Montréal a fermé la porte à cette possibilité.

L’opposition officielle à l’hôtel de ville, pour sa part, a attaqué les explications « boiteuses et incohérentes » de l’administration Plante.

« L’administration Plante se plaint toutes les semaines qu’elle n’a pas assez d’argent pour remédier aux multiples enjeux auxquels notre métropole est confrontée, mais elle estime avoir le luxe de verser un double boni totalisant 6 millions de dollars aux cadres », a déploré Aref Salem, via une déclaration écrite. « Ceci alors que les cadres ont déjà reçu 3 jours de congé afin de compenser l’absence de leur boni en 2020. Si ce n’est pas un manque de sens des priorités, je ne sais pas ce que c’est… »

« C’était budgété »

Par ailleurs, la mairesse Valérie Plante a défendu vendredi la décision de son administration de verser deux bonis aux cadres de la Ville de Montréal en 2023.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

La mairesse a fait valoir qu’il s’agissait des bonis de l’année 2020, jamais versés par la Ville pour cause de restriction budgétaire.

« Les bonis dont on parle, ce sont des sommes qui ont été suspendues en 2020, pendant la pandémie. On a décidé de les donner aux cadres en mai dernier », a-t-elle plaidé dans un point de presse. « Pour moi, c’est important de mentionner que ce ne sont pas des sommes supplémentaires dans la mesure où elles étaient budgétées. C’est juste qu’elles ont été suspendues en 2020, en plein milieu de la pandémie, où on demandait à tout le monde de faire des efforts. On a demandé aussi aux cadres. »

« Ce ne sont pas de nouvelles sommes, c’était budgété », a-t-elle ajouté.

En 2020, la Ville de Montréal n’évoquait pas de « suspension » de ces primes. « L’administration a décidé que la contribution des cadres à l’effort budgétaire serait faite en ne versant aucun boni de performance pour l’année 2020 », soulignait la Ville à l’époque, selon un article du journal 24 Heures. « Nous avons annulé les bonis », ajoutait l’attachée de presse de la mairesse.

La Presse a révélé vendredi matin que les 1800 cadres municipaux de Montréal avaient reçu une prime moyenne de 3150 $ en mai, en plus de leur boni de rendement habituel (moyenne de 3700 $). Le second chèque correspond à 85 % du premier. Lui-même équivaut à 2 % à 6 % du salaire annuel et est déterminé sur la base de la performance de l’employé.

« Ce n’est pas vraiment le bonus de 2020 », avait affirmé la présidente du comité exécutif, Dominique Ollivier, avant la publication de l’article. Les cadres qui sont partis entre-temps ne reçoivent pas la prime et les nouveaux cadres — qui n’ont rien perdu en 2020 — y ont droit. « Je fais partie des cadres qui se sont serré la ceinture à cette époque-là et qui n’ont pas eu de retour », a illustré Mme Ollivier, qui était présidente de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) en 2020.

Mme Ollivier expliquait qu’il s’agissait plutôt d’une mesure de rétention de ses employés dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.