L’opposition au retrait de 250 espaces de stationnement dans Parc-Extension, pour l’aménagement de nouvelles pistes cyclables, prend de l’ampleur et a même donné lieu à des actes de vandalisme jeudi : de la peinture et de l’huile ont été répandues sur la chaussée et des écriteaux interdisant de stationner ont été enlevés.

À l’intersection des avenues Querbes et d’Anvers, quelques dizaines de manifestants avaient installé des chaises sur la rue, vendredi en matinée, pour empêcher les ouvriers de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension de poursuivre les travaux d’aménagement de la voie réservée aux vélos. Des policiers étaient sur place pour empêcher les débordements.

Un résidant du quartier, qui se disait d’accord avec la nouvelle configuration, a été pris à partie et invectivé par un manifestant pendant plusieurs minutes, avant que d’autres n’interviennent pour tenter de calmer ce dernier.

« Les gens sont en colère, » a souligné la conseillère municipale du secteur, Mary Deros, qui s’est présentée sur les lieux sur l’heure du midi pour parler aux protestataires. « Le retrait de ces 250 places de stationnement va affecter combien de familles avec plusieurs enfants, de personnes à mobilité réduite, de personnes âgées ? »

Mme Deros fait partie de l’opposition, alors que l’arrondissement compte une majorité d’élus de Projet Montréal, le parti de la mairesse de Montréal Valérie Plante, notamment la mairesse de l’arrondissement, Laurence Lavigne-Lalonde.

L’aménagement prévu par l’arrondissement signifie le retrait du stationnement sur tout un côté de rue pour laisser place à deux voies cyclables, une dans chaque direction.

Les manifestants rencontrés sur les lieux ont insisté pour dire qu’ils ne sont pas opposés aux pistes cyclables, mais qu’ils souhaitent une solution permettant de les aménager sans retirer autant de places de stationnement pour les voitures, dans un quartier si densément peuplé, où rares sont les résidants ayant une entrée d’auto ou un garage.

Une solution, ajoutent-ils, qui éviterait les tensions actuelles entre deux groupes de résidants.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

L’aménagement prévu par l’arrondissement signifie le retrait du stationnement sur tout un côté de rue pour laisser place à deux voies cyclables, une dans chaque direction.

« Je suis plombier, je dois stationner mon camion près de chez moi sur la rue », explique Tony Alevizos, un résidant de l’avenue Querbes. « Déjà, quand je reviens en fin de journée, il y a très peu d’espaces disponibles. Ça sera encore pire maintenant. »

Pour la directrice adjointe d’une garderie située sur le coin de rue où se tenait la manifestation, Hélène Stratis, la nouvelle voie cyclable entraîne le retrait d’un débarcadère de trois places que les parents utilisaient pour venir conduire et ramener leurs enfants. Elle craint aussi que ses employés n’aient du mal à se garer dans le quartier.

D’autres protestataires ont fait remarquer que des espaces réservés aux personnes handicapées ont dû être déplacés beaucoup plus loin, ce qui entraînera des déplacements beaucoup plus longs.

Lors de la dernière assemblée du conseil d’arrondissement, il y a deux semaines, des citoyens s’étaient déplacés pour faire part aux élus de leur mécontentement. Ils étaient si nombreux que la police a dû intervenir pour limiter l’accès à la salle du conseil.

Questionnés par des résidants du secteur visé, les responsables de l’arrondissement se sont défendus en disant que des consultations avaient été menées sur les nouvelles pistes cyclables dédiées. Mais les opposants affirment que le retrait des places de stationnement n’avait été annoncé qu’en juin dernier.

Ailleurs dans l’arrondissement, des tensions sont aussi apparues dans le district de Saint-Michel, où l’aménagement d’une piste cyclable sur l’avenue Legendre entraîne également la diminution des espaces de stationnement sur rue. Des manifestations se sont tenues dans ce secteur au cours des deux dernières semaines.