Deux groupes aux idées radicalement opposées sur l’identité de genre et les droits de la communauté LGBTQ+se sont affrontés mercredi devant le bureau du premier ministre François Legault, en plein cœur du centre-ville de Montréal.

C’est le groupe Million March for Children Canada qui a d’abord invité mercredi ses membres à manifester « pour le droit parental » à l’angle des rues Sherbrooke et McGill College, où se trouve le bureau de M. Legault.

De nombreux enfants, certains promenés en poussette, composaient la foule de milliers de personnes rassemblées à cet endroit, au passage de La Presse, mercredi.

« Leave our kids alone (laissez nos enfants tranquilles) », scandaient en chœur les manifestants. Le militant anti-vaccin bien connu François Amalega-Bitondo a livré un discours sur une petite scène montée en bordure de la rue McGill, où plusieurs autres orateurs ont dénoncé les « dérives » du gouvernement.

Opposé à l’offre de cours d’éducation à la sexualité dans les écoles, Slimane Baali a laissé ses enfants à l’école pour venir manifester. « On veut que le gouvernement retire tous ces programmes des écoles et que nos enfants soient protégés », a-t-il affirmé.

« Notre mission est d’unir les gens pour une noble cause, de protéger les enfants des enseignements de l’idéologie de genre, de l’endoctrinement sexuel et de l’exposition à des contenus sexuels explicites, et de garantir que le consentement parental reste primordial », soutenait Million March for Children Canada, sur les réseaux sociaux, en insistant sur le fait que « les enfants ne sont pas un outil de l’agenda politique ».

Un mouvement pancanadien

Million March for Children Canada a organisé mercredi plusieurs manifestations à travers le Canada. En plus de Montréal, des rassemblements devaient avoir lieu dans plusieurs grandes villes comme Calgary, Edmonton, Winnipeg et Vancouver.

À Montréal comme dans plusieurs autres villes, une « contre-manifestation » a toutefois rapidement été organisée pour faire valoir les droits des personnes trans et membres de la communauté LGBTQ+de Montréal.

Pancartes à la main, les manifestants faisaient entre autres valoir « qu’une attaque contre un est une attaque contre nous ». De l’autre côté, on pouvait lire des slogans comme « Les parents savent mieux ».

Au passage de La Presse mercredi, une forte présence policière était déployée pour prévenir de potentiels débordements. Quelques affrontements verbaux ont eu lieu entre les manifestants, mais il n’y a eu ni arrestation ni blessé, selon l’agente Jeanne Drouin, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). « Le SPVM était sur place pour s’assurer que tout se passe bien et il n’y a pas eu de débordement de notre côté », a-t-elle fait savoir.

Sur le réseau social X, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a dénoncé « la démonstration de haine que nous avons vue lors de la manifestation anti-LGBTQ+ », qu’elle a qualifiée de « choquante et inacceptable ». « Les personnes trans et LGBTQ+méritent de vivre dans la dignité, le respect et la sécurité. C’est fondamental. »

Le tout survient alors qu’au Québec, les débats concernant l’identité de genre et l’inclusion des personnes trans et non binaires dans la société prennent de l’ampleur en ces premiers jours de rentrée parlementaire. Pour avoir un « regard apaisé », le gouvernement mettra sur pied d’ici Noël un comité scientifique qui aura pour mission de guider les décideurs sur ces enjeux sensibles.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a aussi interdit la semaine dernière aux écoles du Québec de convertir des blocs sanitaires pour les garçons ou pour les filles en toilettes mixtes.

Avec Hugo Pilon-Larose et Bruno Marcotte, La Presse