L’idée d’un tramway dans l’est de Montréal continue de faire son chemin. Une nouvelle proposition dévoilée mardi par deux experts et un comité citoyen prône un tracé en « fer à cheval » qui compterait une cinquantaine de stations, au coût d’environ 4 milliards.

« On ne dit pas que c’est ce qui doit être fait obligatoirement, mais ça démontre qu’un réseau qui ne coûterait qu’environ 4 milliards serait capable de faire mieux qu’un réseau de 30 milliards. Il faut laisser la liberté à l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) d’étudier un réseau de trains au sol », plaide le chargé de cours au Département d’études urbaines et touristiques de l’UQAM, Jean-François Lefebvre.

C’est lui qui a présenté mardi une nouvelle proposition, soutenue par le président du Fonds mondial du patrimoine ferroviaire, Denis Allard, ainsi que le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E). Son idée repose en premier lieu sur un axe qu’il a baptisé « tram de l’est », qui formerait essentiellement un tracé « fer à cheval » du cégep Marie-Victorin jusqu’à la gare de Pointe-aux-Trembles.

De ce tracé de référence, deux prolongements pourraient par la suite être envisagés : l’un de sept stations dans Rivière-des-Prairies pour rejoindre le boulevard Rodolphe-Forget, et l’autre de cinq stations dans Pointe-aux-Trembles jusqu’à la plage de l’Est. Un dernier axe de ce tramway pourrait ultimement aller jusqu’à Charlemagne et la gare de Repentigny, avec entre deux ou cinq stations.

Au total, le réseau ferait un peu plus de 40,4 kilomètres sur le long et compterait une cinquantaine de stations, pour un coût approximatif de quatre milliards, avec une marge d’erreur de plus ou moins 30 %.

Selon M. Lefebvre, « il faut voir que pour chaque kilomètre fait en métro souterrain, on en fait dix fois plus en surface et, surtout, on fait 17 fois plus de stations ». « Comme les stations souterraines coûtent très cher, on en fait très peu, alors qu’en surface, une station, ça coûte en moyenne un million », évalue-t-il.

Un nouveau train de banlieue ?

Dans un second temps, le rapport suggère par ailleurs de connecter ce système de tramway à un nouveau service de train de banlieue qu’on appellerait « Laval-Est ».

Sur une distance totale d’environ 21 kilomètres, ce système ferait le lien entre Mascouche et Terrebonne, puis Saint-François à Laval, et il pourrait aussi se connecter à l’actuel Service rapide par bus (SRB) sur l’axe Pie-IX. Il faudrait pour ce faire construire cinq stations supplémentaires – toujours au sol – pour un coût global d’environ 400 millions.

Puis, dans un troisième temps, les experts proposent de prolonger l’actuel train de l’Est de trois stations, soit à Le Gardeur, L’Assomption et l’Épiphanie. Des dépenses de l’ordre d’approximativement 500 millions seraient alors à prévoir. « Ce qu’on dit, c’est qu’au lieu de fermer train de l’Est, on devrait lui rajouter de la clientèle pour le relancer en desservant un plus grand bassin de population », souligne M. Lefebvre.

En regroupant ces trois axes, on obtiendrait un coût final d’environ cinq milliards pour le projet. Les experts affirment que cela représente un coût nettement plus faible que la recommandation finale du comité derrière le Projet structurant de l’Est (PSE), qui prévoyait un tracé entièrement souterrain pour 36 milliards, avec une version couvrant le même territoire équivalente à environ 23 milliards.

L’ARTM prudente sur le tramway

Mi-août, l’ancien député péquiste puis caquiste devenu conseiller du domaine ferroviaire pour l’ARTM, François Rebello, avait révélé que l’option de construire un tramway dans l’est de Montréal est étudiée. Rapidement, le consultant avait toutefois été recadré par les sources officielles. « Aller dire que ça va être un tramway, ça m’apparaît un raccourci important », avait rétorqué le directeur général de l’ARTM, Benoit Gendron. « Laissez-nous étudier l’ensemble des options. On veut étudier les différents modes. Au contraire, on ne veut pas se contraindre dans un mode et dire : voici la solution avant même qu’on ait étudié les besoins en matière de développement », avait-il persisté.