(Québec) Le maire de Québec a admis lundi que le tramway de la capitale coûtera plus de 4 milliards de dollars compte tenu du « contexte » inflationniste. La Ville a décidé de donner un nouveau délai de quatre semaines aux consortiums afin qu’ils peaufinent leurs calculs.

« Est-ce qu’il va coûter 4 milliards ? Non, il va coûter au-dessus de 4 milliards. Le contexte fait en sorte que les analyses d’antan sont maintenant caduques. Maintenant, combien va-t-il coûter ? Ça, je ne peux pas vous le dire », a lancé Bruno Marchand lundi en conférence de presse.

D’abord annoncé à 3,3 milliards en 2018, le coût estimé du plus important projet d’infrastructure de l’histoire de la ville a ensuite grimpé à 4 milliards. Le maire ne se berce pas d’illusions : même si les consortiums qui souhaitent bâtir le réseau de 19 kilomètres n’ont pas encore fourni leur prix, ce sera au-delà.

Le maire annonçait lundi que les consortiums avaient jusqu’au 2 novembre pour envoyer leurs propositions financières à la Ville. Elles étaient pourtant attendues pour l’été, puis la date butoir avait été repoussée à octobre.

Le maire a indiqué que ce sont les consortiums eux-mêmes qui ont demandé plus de temps. À demi-mot, on comprend que ces quatre semaines devront leur servir à réduire la facture finale. Peut-être pour la rendre plus digeste politiquement ?

Pas de chèque en blanc

« On n’est pas à la merci de consortiums qui diraient “on va peser sur le crayon, ils n’auront pas le choix, ils sont tellement avancés dans le processus, ça va coûter 15 milliards” », a lancé Bruno Marchand.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Le maire de Québec, Bruno Marchand

Si les consortiums ne sont pas capables d’accepter un prix que moi je trouve intéressant, il faudra trouver d’autres solutions. Le tramway va se faire, mais pas à n’importe quel prix.

Bruno Marchand, maire de Québec

L’affaire est délicate dans la mesure où les bailleurs de fonds – les gouvernements du Québec et du Canada – n’ont jamais signé un chèque en blanc. L’explosion des coûts pourrait donc mettre en péril le projet. « Il faut trouver un meilleur prix, qui est possible pour l’État québécois, l’État canadien et la Ville de Québec. Parce qu’on a besoin de ce projet-là », résume le maire.

Québec s’est entendu en février avec Alstom pour l’achat de 34 rames au coût de 569 millions. La Ville pensait au départ débourser 400 millions.

L’hôtel de ville négocie présentement avec deux consortiums pour le plus important contrat du projet, soit les infrastructures, incluant le tunnel de 1,8 kilomètre qui doit relier la Haute-Ville à la Basse-Ville. Bruno Marchand a réitéré lundi qu’il n’était pas question de couper le tracé pour réduire l’enveloppe.

Le maire indique que ce délai de quatre semaines ne devrait pas retarder la mise en service du tramway, prévue en 2029, mais il ne l’exclut pas non plus. « Mon objectif, c’est d’avoir le meilleur prix. S’il faut retarder d’un an ou deux, je vais le faire », dit-il.