2 heures 45 minutes d’interruption totale, 25 000 passagers quotidiens en moyenne, des difficultés techniques : la semaine 1 du Réseau express métropolitain (REM) a été marquée par « beaucoup d’apprentissages », reconnaît son propriétaire, CDPQ Infra, qui promet toutefois de grandes améliorations au cours des prochaines semaines.

« On est sortis très grandis de cette première semaine. Il y a eu beaucoup d’apprentissages, beaucoup d’éléments ajustés, mais aussi beaucoup de bons commentaires. C’est un grand pas en avant pour nous », affirme le porte-parole de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix, en entrevue avec La Presse.

Lundi, au jour 1 de la mise en service, une panne de 75 minutes avait paralysé le REM en pleine heure de pointe en raison d’un problème avec l’aiguillage, cet appareil qui permet au train de changer de voie, provoquant beaucoup de frustration. Les usagers avaient dû se rabattre sur des navettes spéciales. D’autres pannes s’étaient ensuite produites lundi soir, puis mercredi, pour au total près de trois heures.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Pour CDPQ Infra, la mise en service du REM pendant les vacances de la construction était la « bonne décision ».

À ces interruptions se sont ajoutés divers ennuis techniques, dont des escaliers roulants en panne et des problèmes de signalétique à la gare Centrale. Des passagers ont aussi été coincés au garage de Brossard en début de semaine, en raison d’une erreur humaine liée à la circulation des trains, qui est automatisée.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le train a même été frappé par la foudre, mais aucun incident n’a été signalé, ce qui tend à démontrer que le système de protection électrique est efficace.

« Ce sont tous des évènements qui nous amènent à nous ajuster et que nous sommes en train de regarder, mais il n’y a rien de critique. Dès qu’on remarque un problème, il y a des processus qui s’ajustent, des corrections qui se font. Et on s’améliore. On doit aussi continuer de communiquer sur la tarification », affirme M. Lacroix.

Vers le cap des 30 000

Il reste que 25 000 personnes ont emprunté chaque jour le REM, en moyenne, ce qui prouve selon CDPQ Infra que les usagers demeurent « au rendez-vous ». À l’automne, l’organisation vise une journée type de 30 000 usagers.

Aux critiques qui prétendent qu’il aurait fallu attendre encore avant de lancer le train léger, le porte-parole rétorque qu’il « valait malgré tout mieux le faire maintenant pendant les vacances de la construction plutôt qu’à la rentrée ». « C’était la bonne décision », maintient-il.

C’est un projet qui va s’inscrire dans la prochaine décennie, pas dans une semaine.

Jean-Vincent Lacroix, porte-parole de CDPQ Infra

Dans les prochaines semaines et les prochains mois, les interruptions et les bogues techniques « sont une réalité qui pourrait demeurer, comme dans le métro », observe-t-il aussi. « Il faudra être humbles, en fait, puisque chaque jour amène toujours son lot de défis. Mais on est conscients des attentes. »

Meilleure communication ?

Chez Trajectoire Québec, qui défend les droits des usagers du transport collectif, la directrice générale Sarah Doyon parle d’une première semaine « positive », mais « loin d’être parfaite ». « C’est somme toute une bonne première semaine, les gens sont généralement satisfaits de l’infrastructure », dit-elle.

Là où on a plus de reproches à faire, c’est au niveau de la communication. La panne de lundi soir, par exemple, n’a pas du tout été communiquée aux usagers en direct. C’est crucial de le faire.

Sarah Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec

Son groupe déplore également que l’intégration du REM demeure déficiente dans les données de Google ou de l’application Plans d’Apple, ce qui irrite bon nombre d’usagers.

« On nous dit que ça sera réglé lundi, mais on a manqué une opportunité de bien faire les choses dès le départ. Ça fait longtemps qu’on sait que le REM s’en vient et qu’on connaît le trajet exact », soulève Mme Doyon. CDPQ Infra promet de « s’ajuster rapidement ».

Tous ces problèmes, mais surtout les pannes, devraient d’ailleurs être réglés « avant le 21 août », juge le Réseau de transport de Longueuil (RTL), qui lancera ce jour-là ses nouvelles lignes d’autobus. Lire ici : l’organisme aura moins d’autobus disponibles pour dépanner en cas d’interruptions de service dans le REM.

« On va continuer à parler avec l’ARTM [Autorité régionale de transport métropolitain] pour voir ce qui peut être fait au niveau du plan de relève, mais l’objectif est qu’il serve à terme même après le rodage », évoque à ce sujet Jean-Vincent Lacroix. « Nous, on fait tout ce qu’on peut pour passer à travers le rodage le plus rapidement possible », ajoute-t-il.

Sarah Doyon, elle, appelle les autorités à se préparer en conséquence. « Dans la situation actuelle, on va enlever des autobus qui sont censés être sur des trajets pour faire le plan de relève. Chaque fois qu’il y a une panne, donc, les usagers du REM vont être déçus, mais il y a aussi tous les usagers de la Rive-Sud qui vont attendre au coin de la rue et dont l’autobus ne passera peut-être jamais », illustre-t-elle.

La première semaine en bref

28 juillet : Le premier tronçon du Réseau express métropolitain (REM) est officiellement inauguré en présence de Justin Trudeau, François Legault et Valérie Plante.

31 juillet : Après deux journées de portes ouvertes, le REM est mis en service. Une longue panne de plus d’une heure survient dès 8 h, en pleine heure de pointe. Une autre a lieu en soirée.

2 août : Troisième panne en trois jours de service. CDPQ Infra prévient que de telles interruptions pourraient encore se produire durant la phase de rodage.