Litige autour du golf d’Anjou Revers majeur pour le projet de parc

La justice vient d’infliger un revers à l’administration Plante et à sa volonté de transformer le golf d’Anjou en parc, donnant un premier feu vert à 12 projets de construction industriels et commerciaux sur place.

La Cour supérieure a statué que les fonctionnaires municipaux devaient étudier ces demandes de permis, ce que la métropole refuse de faire depuis des mois.

L’entreprise propriétaire de l’immense terrain « a un droit acquis à la poursuite du traitement de ses demandes de permis », a tranché la juge Gabrielle Brochu, dans une décision datée de la semaine dernière. Golf métropolitain d’Anjou inc. appartient à la famille DiLillo, qui opère dans la construction et l’immobilier.

Le 24 février 2022, l’administration Plante avait franchi la première étape d’un changement de zonage du golf pour le faire passer d’« industriel » à « parc », remplissant ainsi un engagement électoral. Depuis cette date, toute construction sur le golf est « gelée ».

Mais deux jours auparavant, le 22 février 2022, les propriétaires du terrain avaient pris la Ville de vitesse en soumettant 12 demandes de permis de construction à l’arrondissement, révèle la décision de justice. La décision ne détaille pas la nature des bâtiments projetés, sinon qu’il s’agit d’immeubles « commerciaux et industriels ».

« Les demandes de permis déposées sont complètes et conformes », a souligné la juge Brochu, écartant un argument des avocats de la Ville voulant qu’il ait manqué quelques documents au moment du dépôt. Montréal doit donc poursuivre l’étude des permis. Golf métropolitain d’Anjou ne jouit toutefois pas d’un droit acquis aux permis eux-mêmes, a précisé la magistrate.

L’administration Plante n’exclut pas de faire appel de la décision.

Les membres de la famille DiLillo n’ont pas voulu commenter le dossier. « Étant donné que le délai d’appel n’est pas encore expiré, nous devons nous retenir de tout commentaire par rapport à la décision rendue », a indiqué la responsable des communications de leur cabinet d’avocats, Nadine Ishac.

Une protection « improvisée »

Le golf d’Anjou, situé entre l’autoroute Métropolitaine et le boulevard Henri-Bourassa, est depuis longtemps au centre d’un bras de fer entre partisans de sa sauvegarde et promoteurs de son développement. La mairesse Valérie Plante se trouve dans le premier camp, le maire d’arrondissement Luis Miranda dans le second.

Il s’agit d’un ancien terrain industriel potentiellement contaminé, que ses propriétaires ont décidé de gazonner et d’exploiter en en faisant un golf.

En 2020, la famille DiLillo a fait passer le terrain de 18 à 9 trous pour en développer une partie. Un entrepôt Costco s’est notamment installé sur les anciens verts, tout comme un distributeur alimentaire et une entreprise de fabrication de palettes de bois.

Les 12 nouveaux projets de construction constitueraient une deuxième phase de développement.

En février 2022, le maire d’arrondissement Luis Miranda avertissait déjà que la protection du golf arrivait trop tard et était « improvisée ».

« Le site était en développement », disait-il à l’époque. « Il y a au moins deux bâtisses et cinq autres projets en marche » dans le secteur à protéger, a-t-il dit.

Mais l’administration Plante ne l’entend pas de cette oreille.

« C’est de notre devoir en tant qu’administration responsable de poser les bons gestes pour l’avenir de notre population », a déclaré le cabinet de Valérie Plante par écrit. « Les terrains du Club de Golf Métropolitain Anjou représentent des lieux uniques et les dernières traces de verdure dans ce secteur. »