Cet été, La Presse vous fait découvrir sept rues piétonnes de Montréal.

Pour la quatrième année consécutive, l’avenue du Mont-Royal se transforme en rue piétonne. Mais cette fois, la population accueille le projet à bras ouverts. Passants, commerçants, cyclistes… tout le monde semble y trouver son bonheur.

Ce qu’il faut savoir

L’avenue commerçante située au cœur du Plateau est piétonne jusqu’au 5 septembre, entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Fullum, et ce, chaque été depuis 2020.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Mont-Royal est beaucoup plus qu’une artère interdite aux voitures ; c’est aussi un espace vivant qui attire les gens du quartier, comme les visiteurs.

Le projet est le fruit d’une collaboration entre l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal et la société de développement de l’avenue du Mont-Royal (SDAMR), qui s’occupe notamment d’aménager la rue. Bancs et comptoirs publics, végétation, fresques, jardins nourriciers, ateliers gratuits : la rue s’est métamorphosée en lieu de socialisation à l’ambiance festive.

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La société de développement de l’avenue du Mont-Royal a installé des jardins nourriciers entre Garnier et Fabre et offrira des ateliers gratuits d’agriculture urbaine.

« C’était nécessaire comme projet », raconte Céline Schmitz, une passante qui profitait de sa pause repas au soleil avec sa collègue sur le mobilier installé par la SDAMR. « On vient ici tous les midis maintenant ! C’est agréable de profiter de l’extérieur sans se poser de questions. »

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Diane Uwanyirigira et Céline Schmitz prennent leur pause dans l’avenue du Mont-Royal.

Les piétons peuvent enfin se réapproprier l’espace public qui a été monopolisé par les voitures pendant des décennies, explique la conseillère de la Ville du district de Lorimier, Marianne Giguère. « La population du Plateau l’apprécie et le demande », dit-elle en soulignant que les automobilistes n’ont plus autant de réticences qu’avant.

On a le problème inverse maintenant : on reçoit beaucoup plus de plaintes de gens qui veulent moins de voitures dans les rues ! On nous demande : “Pourquoi l’avenue Laurier n’est pas piétonne elle aussi ?’’, “Pourquoi Mont-Royal ne reste pas piétonne plus longtemps ?’’

Marianne Giguère, conseillère de la Ville du district de Lorimier, arrondissement du Plateau-Mont-Royal

Une bonne affaire pour les commerçants

Contrairement aux craintes initiales, la rue piétonne est une vraie mine d’or pour la plupart des commerces. Libérer l’espace autrement occupé par les voitures permet d’ajouter une terrasse ou un kiosque dans la rue et, surtout, offre un afflux de clients de bonne humeur.

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Michel Pontbriand, gérant de jour au bar Plan B

Ça permet au bar d’être profitable. Sans piétonnisation, il n’y a pas de volume. Si on avait nos chiffres d’affaires de l’hiver pour les 12 mois de l’année, personne ne voudrait s’occuper du commerce.

Michel Pontbriand, gérant de jour au bar Plan B

La majorité des commerçants en profitent, indique le directeur de la SDAMR Claude Rainville, surtout dans le secteur de la restauration. Celui-ci ajoute que de nouveaux commerces ont même fait le choix de s’établir dans l’avenue du Mont-Royal en partie à cause de la piétonnisation. Toutefois, Claude Rainville admet que certaines boutiques de biens surdimensionnés – dont les clients viennent surtout en voiture – ne profitent pas autant de la rue piétonne.

« Jusqu’à maintenant, la réponse est positive, indique-t-il. Mais on ne s’arrête pas là, on continue d’évaluer le projet chaque année. Parce qu’on cherche toujours à l’améliorer, autant pour les commerçants, les utilisateurs et les gens du quartier. »

Par exemple, des mesures ont été mises en place pour rendre la rue plus accessible aux gens à mobilité réduite. Les services Vélo Duo et Eva Coop sont offerts gratuitement aux personnes dans le besoin pour faciliter leurs déplacements le long de l’artère et dans le secteur. « C’était important pour nous que les personnes âgées puissent avoir accès aux pharmacies, à l’épicerie, aux banques, par exemple », souligne Claude Rainville, de la SDAMR.

La mobilité reste le principal enjeu à surmonter. La ligne de bus 97 – qui dessert l’avenue du Mont-Royal – transporte beaucoup de gens et se rend à la station de métro Mont-Royal, une des seules accessibles en fauteuil roulant. « On ne peut pas s’imaginer avoir la rue piétonne plus longtemps à cause des détours pour le transport en commun », soulève Marianne Giguère de l’arrondissement du Plateau.

Cohabitation piétons et cyclistes

De plus, les vélos sont maintenant acceptés dans la rue – à condition, évidemment, qu’ils ne roulent pas trop vite et fassent attention aux piétons.

« On avait interdit les vélos en 2020 lors de la première édition de la rue piétonne, indique la conseillère de la Ville Marianne Giguère. Mais on s’est vite rendu compte que c’était irréaliste. On a donc mandaté l’INRS et Polytechnique en 2021 pour évaluer si c’est sécuritaire de donner l’accès aux vélos. » Selon cette étude, seuls 6 % des cyclistes manquaient de prudence. Depuis, l’arrondissement mise sur la cohabitation.

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Les vélos sont admis dans l’avenue du Mont-Royal piétonne.

Je suis contente d’avoir le droit d’être à vélo dans Mont-Royal, c’est pratique. Mais je ralentis et je fais très attention aux piétons. Parce que justement, je ne veux pas que ce droit change.

Audrey Jannin, cycliste rencontrée dans l’avenue du Mont-Royal

Le projet de rue piétonne dans l’avenue du Mont-Royal est là pour de bon. Claude Rainville souligne que la SDAMR et l’arrondissement travaillent fort, d’année en année, pour relever les défis qui se présentent à eux. « On cherche la formule qui peut rallier le plus de gens possible. »

Quelques témoignages…
  • « On a beaucoup plus de clients, surtout des gens qui se promènent dans la rue et décident de s’arrêter prendre un verre sur notre terrasse. Tout le monde est heureux ! J’adore ! J’ADORE ! » – Kyna Bouchard, serveuse au resto-bar Les Torchés

    PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

    « On a beaucoup plus de clients, surtout des gens qui se promènent dans la rue et décident de s’arrêter prendre un verre sur notre terrasse. Tout le monde est heureux ! J’adore ! J’ADORE ! » – Kyna Bouchard, serveuse au resto-bar Les Torchés

  • « Je suis très contente de participer à ce projet parce que c’est vraiment un plus à Montréal. C’est un espace vivant avec une belle ambiance. Et les plantes font une grosse différence ! Alors si je peux passer un message : ne mettez pas vos mégots et vos déchets dans les plantes svp ! » – Malaka Rached-Dastou, qui s’occupe de l’installation et de l’entretien des plantes dans Mont-Royal.

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    « Je suis très contente de participer à ce projet parce que c’est vraiment un plus à Montréal. C’est un espace vivant avec une belle ambiance. Et les plantes font une grosse différence ! Alors si je peux passer un message : ne mettez pas vos mégots et vos déchets dans les plantes svp ! » – Malaka Rached-Dastou, qui s’occupe de l’installation et de l’entretien des plantes dans Mont-Royal.

  • « Quand on ferme des rues pour les piétons, c’est sûr que c’est agréable pour eux, mais on manque déjà de places de stationnement partout. Surtout avec toutes les autres restrictions comme les BIXI, les travaux, les terrasses, etc. » — Yanic Chrétien, automobiliste rencontré dans le secteur de la rue piétonne.

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    « Quand on ferme des rues pour les piétons, c’est sûr que c’est agréable pour eux, mais on manque déjà de places de stationnement partout. Surtout avec toutes les autres restrictions comme les BIXI, les travaux, les terrasses, etc. » — Yanic Chrétien, automobiliste rencontré dans le secteur de la rue piétonne.

  • « Au début, je n’y croyais pas… mais finalement, je trouve ça génial ! » – Danielle Delorme « Je trouve ça très sympathique, il y a une belle ambiance, c’est agréable » – François Théorêt

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    « Au début, je n’y croyais pas… mais finalement, je trouve ça génial ! » – Danielle Delorme « Je trouve ça très sympathique, il y a une belle ambiance, c’est agréable » – François Théorêt

  • « C’est pas mal plus long pour faire les livraisons parce qu’il faut stationner le camion plus loin. » – Samuel Perreault, livreur

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    « C’est pas mal plus long pour faire les livraisons parce qu’il faut stationner le camion plus loin. » – Samuel Perreault, livreur

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La semaine prochaine : la rue Wellington