Qui dit lendemain de 1er juillet, dit trottoirs bondés de meubles et autres déchets. Cette année, malgré une « amélioration », la Ville de Montréal estime qu’elle aura besoin d’une semaine pour récupérer les dizaines de milliers de tonnes d’encombrants laissés en pleine rue.

« On va avoir beaucoup d’employés et d’effectifs qui vont sillonner les rues dans les prochains jours, mais c’est beaucoup, ce qu’on doit faire, en une courte période de temps. On devrait être capables de récupérer tous ces déchets dans un délai d’une semaine. On est déjà en action », affirme le porte-parole administratif de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin.

Les arrondissements procéderont chacun par ordre de priorité, en libérant d’abord les secteurs où la densité de population est forte et où l’espace d’entreposage est souvent beaucoup moins disponible, précise M. Sabourin. « On ne veut pas que nos trottoirs se transforment en dépotoirs, on va les libérer le plus rapidement possible, mais on demande à tout le monde en même temps de faire un effort. »

Chaque année, son groupe doit ramasser jusqu’à 50 000 tonnes de déchets après la journée des déménagements.

Pour M. Sabourin, cela démontre toute l’importance de changer ses comportements et ses habitudes. « On veut devenir une ville zéro déchet d’ici 2030. Eh bien c’est maintenant que ça commence. Dès que c’est possible, on invite tout le monde à réduire sa consommation, à redonner ce qui peut être redonné, puis à valoriser ce qui peut être valorisé. C’est essentiel », juge-t-il.

Jusqu’à 1000 $ d’amende

La Ville invite notamment les résidants à faire appel à des entreprises privées de récupération, ou encore de se rendre gratuitement à l’écocentre pour y déposer ses meubles, ceux-ci pouvant avoir un impact très nocif pour l’environnement s’ils sont laissés sur la rue.

Un frigo, si ses gaz se libèrent, pour vous donner une idée, ça va polluer autant qu’une voiture qui fait 3 fois et demie la distance entre Montréal et Vancouver.

Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville

Il rappelle d’ailleurs que des amendes allant de 200 $ à 1000 $ peuvent régulièrement être données par des inspecteurs de la Ville, puisque laisser des meubles ou autres déchets au bord du trottoir à l’extérieur des périodes de collecte est illégal.

« Personne n’a de passe-droit lors du déménagement. Il faut respecter les heures de collecte et on n’hésitera pas à sévir. Cela dit, l’amende la plus importante est celle qu’on s’inflige collectivement, parce que nos rues ne sont pas propres et nos matières vont à l’enfouissement plutôt que d’être valorisées », poursuit Philippe Sabourin.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

La Ville invite notamment les résidants à faire appel à des entreprises privées de récupération, ou encore de se rendre gratuitement à l’écocentre pour y déposer ses meubles.

Même s’il reste encore beaucoup à faire, il semble néanmoins que la situation s’améliore d’année en année. « Les gens sont plus en plus sensibilisés à la cause environnementale, bref le message semble être entendu davantage. Mais on sait aussi qu’il y a eu moins de déménagements cette année. Globalement, on s’attend quand même à diminuer encore davantage la quantité de déchets en bordure de rue dans les prochaines années », conclut le porte-parole.

La Ville de Montréal a également rappelé dimanche que les bacs bruns et les bacs à récupération ne « doivent pas être déménagés », mais bien « laissés pour le prochain locataire ». Si vous n’avez pas accès à un bac dans votre nouveau loyer, vous pouvez contacter le 311 afin d’en obtenir un rapidement.

190 ménages hébergés

Dimanche, au lendemain du 1er juillet, quelque 190 ménages ont dû trouver un hébergement temporaire afin de ne pas se retrouver à la rue, selon la Société d’habitation du Québec (SHQ). La veille, samedi il y avait aussi 178 ménages hébergés par les services d’aide d’urgence des municipalités.

Plus tôt, samedi, La Presse rapportait qu’à la veille du 1er juillet, il y avait 680 ménages sans bail et accompagnés par les services de leur municipalité au Québec, selon des chiffres avancés par Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Cet organisme collige chaque année des données sur les locataires sans logis.

« D’année en année, on la sent la détresse qui augmente, a souligné la mairesse Valérie Plante, en point de presse samedi. Et quand je vous dis qu’on la sent, c’est réel. Des gens viennent nous voir, disent qu’ils ne savent pas comment ils vont trouver un loyer, qu’ils sont désespérés ou inquiets des rénovictions. »

(Re)lisez « La Presse à Gatineau : Crise du logement, “crise humanitaire” »

Avec William Thériault, La Presse