Moisson Montréal s’allie à deux organismes dans un partenariat avec Regroupement Partage et Groupe Pro-Vert pour contrer l’insécurité alimentaire chez les communautés défavorisées à Montréal. Le projet vise à réunir à un seul endroit des denrées alimentaires pour nourrir de multiples familles dans le besoin. Les activités ont débuté ce printemps avec les premières graines qui ont été semées, pour l’approvisionnement en fruits et légumes.

Il s’agit de la première initiative du genre à voir le jour au Québec. En tout, 53 tonnes de nourriture seront distribuées auprès de 300 organismes différents à Montréal. Si les fruits et les légumes sont parmi les aliments principaux, Moisson Montréal veut pouvoir offrir une grande variété de produits, dont des protéines et des produits secs, à sa clientèle.

Audrey Renaud, directrice générale de Regroupement Partage, salue l’initiative de Moisson Montréal, qui a tendu la main aux deux autres organismes pour mettre le projet au monde. Selon elle, le manque de partenaires dans un projet communautaire représente un risque. Elle entrevoit un meilleur avenir lorsqu’elle est entourée d’autres organismes pour l’épauler. « Ce partenariat est quelque chose qui est vraiment sans précédent », soutient-elle.

Le projet, lancé par Moisson Montréal, est parti de l’idée commune qu’avaient les trois organismes de faire participer la population au partage des besoins alimentaires pour l’ensemble de la communauté montréalaise dans le besoin. Dans le respect des normes du Guide alimentaire canadien, les trois partenaires veulent miser sur les forces particulières de chacun pour présenter une offre solide aux consommateurs. Le Groupe Pro-Vert, spécialisé en environnement, va ainsi pouvoir mettre de l’avant sa plateforme agricole, tandis que Regroupement Partage s’occupera de l’approvisionnement en aliments, et Moisson Montréal, de les distribuer.

« On le voit depuis l’automne dernier, les organismes qui viennent s’approvisionner ici demandent constamment [des fruits et des légumes] », dit Chantal Vézina, directrice générale de Moisson Montréal.

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Chantal Vézina, directrice générale de Moisson Montréal

Déjà là, on a le pouls du terrain, on a la réaction de nos membres, qui eux servent la population. On voit que la demande est grandissante pour les fruits et légumes.

Chantal Vézina, directrice générale de Moisson Montréal

De son côté, le Groupe Pro-Vert milite depuis 25 ans dans le milieu de l’implication citoyenne en agriculture. Pour sa directrice générale, Nicole Bastien, la problématique de l’insécurité alimentaire à Montréal est une question fondamentale, et elle n’a pas hésité à rallier le projet dès sa conception, en 2020. Pour elle, il était essentiel de jumeler ses trois champs d’expertise, soit l’agriculture, la revitalisation et l’économie circulaire dans le cadre de ce projet.

Les activités entourant ce projet doivent débuter dès cet été, et commenceront sous la forme d’un projet pilote d’une durée de un an. Les trois femmes d’affaires espèrent que tout se déroulera de belle façon, ce qui permettrait au projet de perdurer.

Aide gouvernementale

En plus de servir à l’approvisionnement du plus grand nombre de banques alimentaires sur l’île de Montréal, le projet piloté par Moisson Montréal réunira sous un même toit une offre alimentaire diversifiée. Les organismes, surtout ceux qui n’ont pas autant de moyens, n’auront plus à parcourir différents endroits pour remplir leur banque alimentaire. Les aliments seront également gardés dans un réfrigérateur pour assurer leur conservation à l’année, et non seulement durant la saison de production.

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Audrey Renaud, directrice générale de Regroupement Partage

Les gens ont donc des [produits] frais et locaux. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas de sous qu’ils n’ont pas le droit à la dignité de manger ces produits-là.

Audrey Renaud, directrice générale de Regroupement Partage

La ministre provinciale responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, était présente aux côtés des trois organismes au moment de l’annonce, vendredi. Elle a dévoilé une aide de 25 000 $ du gouvernement du Québec pour l’initiative. Ce coup de pouce a été accueilli avec beaucoup de reconnaissance par Moisson Montréal.

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Chantal Rouleau, ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire du Québec

Les trois organismes conviennent que le défi à long terme sera d’adopter une vision qui va au-delà de la seule ville de Montréal. Audrey Renaud indique avoir déjà reçu des appels d’organismes régionaux pour implanter un modèle similaire dans de petites localités du Québec, entre autres dans les Laurentides, Lanaudière et l’Estrie.

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Entrepôt de mise en sachet des aliments qui seront par la suite distribués dans les banques alimentaires de Montréal