Furieux à propos des problèmes de financement qui minent son arrondissement, confronté chaque printemps à la crue des eaux, le maire de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Stéphane Côté, s’est levé mardi en plein conseil municipal de Montréal pour clamer que son arrondissement serait peut-être mieux hors du giron de la Ville s’il ne reçoit pas plus de moyens pour faire face aux inondations.

« Je me demande si c’est une bonne chose que mon arrondissement reste à l’intérieur de Montréal. On n’a pas de financement adéquat. Je me pose vraiment la question », a-t-il lancé.

« Voulez-vous que L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève reste dans Montréal, ou voulez-vous carrément qu’on s’en aille ? »

M. Côté intervenait dans le cadre d’une discussion sur une somme de 16 millions que la Ville va consacrer à son programme de digues. Ce financement permettra de maintenir et de développer la quinzaine de digues permanentes qui protègent l’île de Montréal des inondations – elles sont situées à Pierrefonds, Ahuntsic et L’Île-Bizard.

« Ces 16 millions, c’est un début, mais ça ne couvre même pas une digue. La réalité, c’est que je n’ai pas une maudite cenne pour gérer cet arrondissement-là, a-t-il déploré. Et contre les changements climatiques, je n’ai rien pour me battre, à part du jus de bras. Notre combat contre les crues revient chaque année, mais on n’a que des moyens archaïques. »

« C’était un cri du cœur »

En entrevue après son intervention, M. Côté a expliqué qu’il n’avait pas réellement l’intention de défusionner son arrondissement. « Je voulais seulement brasser l’administration, c’était un cri du cœur », explique-t-il.

Il affirme que ce printemps, au moment de la crue, la Ville a refusé de lui fournir des sacs de sable supplémentaires, prétextant qu’il avait atteint son « quota ».

« Quand une digue est en train de se briser devant toi et qu’on te dit ça… En plus, je n’ai pas d’argent pour m’équiper pour les crues à venir », déplore-t-il.

Son arrondissement aurait besoin de nouvelles digues permanentes à certains endroits où il faut chaque année installer des murs de sacs de sable, selon lui. « Ça prend chaque fois une semaine à installer avec une trentaine de cols bleus », indique le maire d’arrondissement.

Le problème, avance-t-il, c’est qu’il y a trop d’embauches à la ville-centre, au détriment des arrondissements. « Il faut changer la façon de gérer cette ville-là parce que les changements climatiques, c’est loin d’être terminé », laisse-t-il tomber.