Trois ans après la mort de George Floyd aux États-Unis, des dizaines de personnes se sont regroupées à Montréal samedi pour dénoncer le profilage racial au Québec et exiger la fin des interpellations policières aléatoires.

Les choses n’ont pas tellement changé dans la province depuis la mort, il y a trois ans, de George Floyd à Minneapolis, aux États-Unis, selon Cassandra Exumé, coordonnatrice générale de Hoodstock, une organisation qui lutte contre les inégalités sociales.

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Cassandra Exumé, coordonnatrice générale de l’organisme Hoodstock

Rappelons que les derniers instants de George Floyd ont été filmés, en 2020. Il est mort lors d’une arrestation où un policier blanc le maintenait à terre, un genou sur le cou de M. Floyd. Le policier, Derek Chauvin, a été reconnu coupable de meurtre et condamné à 21 ans de prison, en 2022. La mort de George Floyd avait déclenché des manifestations monstres aux États-Unis, et un mouvement planétaire contre le racisme et la brutalité policière.

« Même si ça fait trois ans, il ne faut pas oublier ce qui s’est passé », a lancé Kim Burley, une manifestante, à La Presse Canadienne samedi. « Tous les jours, il faut se rappeler que ce n’est pas quelque chose du passé, ça continue encore, puis ça [la mort de George Floyd], c’est juste la pointe de l’iceberg. »

Pour Mbaï-Hadji Mbaïrewaye, il était important de participer à la marche pour demander aux autorités des changements au sein des corps policiers.

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Des manifestantes au carrefour des rues Ontario et Berri

« La pratique du profilage racial policier porte atteinte à nos humanités. À l’humanité des personnes noires, racisées, autochtones, etc. C’est important de marcher pour réaffirmer notre dignité, notre humanité », dit-il.

« Oui, il y a des choses qui ont évolué, estime Mme Exumé. Il y a des alliés qui étaient plus en sourdine et qui se mobilisent, il y a plus d’exposition médiatique. »

Par contre, les interpellations policières qui visent davantage les groupes racisés sont toujours là au Québec, observe-t-elle. « Nous, ce qu’on veut, c’est un changement d’approche, de méthodes, de culture, finalement, des policiers », ajoute-t-elle.

La fin des interpellations policières exigée

La marche de samedi a été organisée par plusieurs organismes, donc la Ligue des droits et libertés, Lakay, la Coalition rouge, le Collectif 1629, Hoodstock et le Collectif de lutte et d’action contre le racisme (CLAR).

Les manifestants se sont d’abord retrouvés à la place Émilie-Gamelin vers 13 h, à l’angle de la rue Berri et du boulevard De Maisonneuve, à Montréal. Ils ont ensuite marché dans la rue vers l’est. Ils ont fait un arrêt près du quartier général du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour faire des discours.

Ils revendiquent que Québec mette fin aux interpellations policières, notamment après la décision de la Cour supérieure en ce sens rendue en octobre dernier, explique Laura Doyle Péan, du Collectif 1629.

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Laura Doyle Péan, du Collectif 1629

Le juge Yergeau avait déclaré que la règle de droit et les dispositions législatives autorisant les interceptions routières sans motif réel violaient les droits des citoyens en vertu de la Charte canadienne des droits et libertés. La décision a été contestée par Québec en novembre, et se trouve actuellement devant la Cour d’appel.

Or, à la mi-mars, le gouvernement de François Legault a plutôt rouvert la Loi sur la police pour encadrer – et non pas interdire – les interpellations aléatoires. Une décision inacceptable, selon les différentes organisations réunies samedi.

Jean Marie Desfontaines, présent sur place, affirme avoir vécu des interpellations à répétition à Québec, où il vit. « Que ce soit en voiture, à vélo, à pied. À n’importe quelle heure », décrit-il.

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Jean Marie Desfontaines

Une mixité parmi les manifestants

Bon nombre de personnes blanches se trouvent aussi parmi la petite foule qui a circulé à Montréal samedi après-midi. « Nous, on voudrait que le profilage racial baisse, et que le gouvernement reconnaisse le racisme systémique », explique Élodie Combes, chargée de projet à la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI).

À l’arrière de la manifestation, un Américain tient une pancarte qui indique « Noir. e au volant ». Mark Sherman, 72 ans, se trouvait à Montréal en vacances. Originaire de Minneapolis, il est encore bouleversé par la mort de George Floyd, trois ans plus tard.

« Je me sens vraiment triste, explique-t-il en anglais, visiblement ému. Parce qu’on n’a pas réglé ce problème de racisme contre les Noirs, contre les Autochtones. Nous sommes venus parce qu’on trouvait ça important de manifester contre ce racisme qui se poursuit », ajoute-t-il.

Avec La Presse Canadienne