Trois ans jour pour jour après la mort de l’Américain George Floyd aux mains de la police de Minneapolis, des groupes de défense des droits de la personne déplorent que le profilage racial ait toujours cours au Québec. Ils organisent une manifestation samedi à Montréal, notamment pour dénoncer le projet de loi 14 visant à moderniser la pratique policière, qui a tout d’une « coquille vide », selon eux.

« On interdit quelque chose qui est déjà interdit, et le fléau du profilage racial perdure », dénonce la porte-parole de la Ligue des droits et libertés (LDL), Lynda Khelil. Le projet de loi 14 porté par le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, proscrirait en effet toute discrimination dans les activités policières.

Pourtant, bien que déjà interdite en vertu de la Charte des droits et libertés, la discrimination régit encore bon nombre d’interpellations et d’interceptions routières, estime Mme Khelil.

« Les données statistiques sont très claires, affirme Maxim Fortin, coordonnateur de la section Québec de la LDL. Les personnes racisées sont davantage interpellées que les personnes blanches. » Entre 2014 et 2017, par exemple, les personnes noires et autochtones étaient de 4 à 5 fois plus susceptibles de se faire interpeller par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

« Tout devient un motif pour questionner les personnes racisées », dit Cassandra Exumé, de l’organisme Hoodstock. Les victimes, croit-elle, vont au-delà des personnes qui, comme George Floyd, ou Jean René Junior Olivier en 2021 à Repentigny, ont perdu la vie lors d’interpellations policières. « Beaucoup sont aux prises avec des traumatismes en raison de procédures judiciaires liées au profilage racial », avance-t-elle.

La LDL souhaite donc que Québec interdise explicitement les interpellations policières dans l’espace public et renonce à interjeter appel de la décision Luamba. Cette décision de la Cour supérieure rendue en octobre dernier ordonne la fin des interceptions sans motif réel des automobilistes.

Lisez l’article « Décision majeure de la Cour supérieure en matière de profilage racial »

Une problématique « systémique »

L’un des objectifs de la manifestation est de rappeler le caractère systémique de l’enjeu du profilage racial. « À un problème systémique, il faut répondre avec des solutions systémiques », ce que ne peut faire le gouvernement sans reconnaître avant tout la nature du problème, croit Mme Exumé.

« Il faut des changements de pratiques et de politiques, sinon on se trouve à répéter l’histoire », ajoute-t-elle.

La manifestation contre le profilage racial et en hommage à George Floyd aura lieu à Montréal le samedi 27 mai à 13 h, à la place Émilie-Gamelin.