La 47e édition de la Carifiesta, le flamboyant défilé annuel des communautés caribéennes de Montréal, sera annulée cet été faute de financement municipal.

C’est ce qu’indiquent les organisateurs de l’évènement, qui attire normalement plus de 100 000 personnes dans les rues du centre-ville chaque année.

« C’est annulé », a affirmé Everiste Blaize, président de l’Association des festivités culturelles des Caraïbes (AFCC), en entrevue téléphonique avec La Presse. « Il n’y aura pas de Carifiesta. Ils ont refusé le projet au complet. »

M. Blaize fait référence à la Ville de Montréal. Dans une lettre reçue par l’AFCC, le service de la culture municipal indique effectivement que le défilé « n’a pas été retenu par le comité » chargé de choisir les évènements qui profiteront de l’appui de la Ville. « Le comité d’évaluation a dû faire des choix », souligne la missive.

Selon l’AFCC, la Ville de Montréal contribuait à la Carifiesta à hauteur d’environ 30 000 $ chaque année, ce qui représentait « environ 70 % » du budget de l’évènement. La Ville fournissait aussi différents services et équipements qui rendaient possible la tenue de l’évènement.

« Je ne sais pas pourquoi la Ville a refusé la demande. Personne ne m’a appelé depuis le 13 janvier », a continué M. Blaize. « C’est un manque de respect. »

« Pas viable », dit Montréal

Lundi, la Ville de Montréal a défendu sa décision.

« Le projet Carifiesta tel que présenté n’a pas été jugé viable en 2023, sans compter que les enjeux vécus en 2022 n’ont pas été adressés par le promoteur », a indiqué la relationniste Camille Bégin par courriel. « La Ville de Montréal octroie du financement aux organismes susceptibles de pouvoir déployer un évènement de façon viable selon des projections budgétaires réalistes et un historique de bonne gouvernance. »

Mme Bégin a précisé que la Ville avait offert son aide à l’AFCC pour la préparation de son dossier, mais que cette aide n’avait pas été acceptée.

« Une rencontre aura lieu avec les organisateurs du festival cette semaine pour partager avec les organisateurs les enjeux liés à la demande qu’ils ont déposée et pour explorer des pistes de solution », a dit Mme Bégin. « La Ville de Montréal reconnaît qu’un évènement rassembleur célébrant les cultures caribéennes est porteur pour Montréal et réitère son offre d’accompagnement au festival. »

Dans un communiqué émis le 5 mai, qui annonce la liste des évènements culturels appuyés par la Ville pour 2023, la mairesse de Montréal s’était réjouie du nombre important de nouveaux évènements financés.

« Cette année, Montréal fait une plus grande place à la diversité dans l’ensemble de ses financements aux évènements », affirmait Mme Plante via communiqué. « Nous sommes très heureux de démontrer concrètement notre engagement envers les festivals qui offrent à la population une animation culturelle riche, variée et inclusive dans les 19 arrondissements. »

La Carifiesta devait se tenir le 8 juillet.

« La Carifiesta est une tradition remontant à l’époque de l’esclavage », indique Tourisme Montréal sur son site internet. « À Trinidad et à Tobago, lorsque, trois jours avant le mercredi des Cendres, les colons français tenaient un bal masqué, leurs esclaves avaient droit à une journée de repos. Ils en profitaient alors pour faire la fête à leur tour et se moquer de leurs maîtres. »