Deux semaines après le verglas qui a causé d’importants dommages dans la région de Montréal, le cimetière Notre-Dame-des-Neiges demeure fermé. Le conflit de travail retarde le nettoyage de l’endroit, plusieurs sentiers demeurant bloqués.

« Des milliers d’arbres ont été brisés par le verglas et le vent le 5 avril dernier et malgré nos travaux de réparation et de nettoyage du site, plusieurs des 33 kilomètres de chemins du cimetière sont toujours bloqués par des arbres et des branches qui présentent un danger important pour les visiteurs », affirme l’administration du cimetière, dans un communiqué paru mardi.

En se disant « attristée par la situation », la direction, qui avait rouvert le cimetière à la fin mars, soutient que « plusieurs branches, brisées par la glace, menacent de tomber à tout moment, ce qui représente un risque supplémentaire pour les visiteurs ».

Le cimetière, dont les employés sont toujours en grève afin d’obtenir de meilleures conditions de travail, affirme avoir invité « par l’intermédiaire du conciliateur » le syndicat à « accepter une trêve » afin de « sécuriser le site » le plus rapidement possible. « Malheureusement, notre proposition a été refusée par le syndicat », soutient la direction.

« Compte tenu des dommages exceptionnels causés par cette tempête de verglas, nous continuons d’inviter nos partenaires syndicaux à nous aider à rouvrir le Cimetière pour les familles des défunts dans les plus brefs délais », insiste-t-elle au passage.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

« Plusieurs des 33 kilomètres de chemins du cimetière sont toujours bloqués par des arbres et des branches qui présentent un danger important pour les visiteurs », affirme l’administration du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, dans un communiqué paru mardi.

« Ça pourrait être rapide »

Du côté du Syndicat des travailleuses et travailleurs du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, le président Patrick Chartrand dénonce l’attitude de la direction. « Avec ce qui reste à négocier, je pense que ça pourrait être rapide si l’employeur veut vraiment régler. Il est là le problème. Là, on essaie de trouver une façon de remettre le problème sur nous, les méchants syndiqués », martèle-t-il.

« Nous, on veut bien rentrer travailler, mais avec une nouvelle convention. L’employeur veut passer la scie dans nos conditions de travail. On a un plancher d’emploi de 62 réguliers, ils veulent l’abaisser à 47. On ne peut pas accepter ça », poursuit M. Chartrand, qui plaide pour au minimum « le statu quo ». « On serait à l’aise avec le fait de juste conserver nos acquis », dit-il.

Il n’y a pas de vraies négociations, ça ne bouge pas, il n’y a aucun échange d’idées. On ne sent pas une bonne foi pour régler la situation.

Patrick Chartrand, président du syndicat

D’ici la réouverture, les familles endeuillées continueront d’être accueillies « sur rendez-vous, pour des services de crémation et d’inhumation en crypte », affirme la direction. Les inhumations de cercueils en terrain devront toutefois être reportées à une date ultérieure. « Nous annoncerons la réouverture du cimetière dès que le site sera sécurisé », assure-t-on.

Rappel des faits

Les employés de bureau du cimetière sont en grève depuis septembre dernier, et les travailleurs de terrain depuis janvier. Récemment, des usagers du cimetière Notre-Dame-des-Neiges avaient d’ailleurs déploré qu’ils n’étaient pas en mesure de faire enterrer les cendres de leurs proches décédés. En août, dans un article de La Presse, le syndicat avait attribué la situation au manque criant de personnel.

Vu la grève, les mauvaises herbes envahissent aussi certaines parties du cimetière. Par endroits, les tombes disparaissent carrément sous la végétation sauvage. « C’est affreux », avait lâché Debra Czop le printemps dernier, les deux genoux dans la terre. Depuis une demi-heure, avec sa mère, Anne Czop, elle nettoyait le petit quadrilatère autour de la tombe familiale.

L’an dernier, 26 employés – surtout des postes d’entretien – ont été mis à pied. L’employeur avait justifié sa décision par « des problèmes financiers », au moment où la pandémie de COVID-19 venait de bousculer le budget de nombreuses entreprises. Les syndicats sont en négociation avec l’employeur depuis cinq ans. Les employés du cimetière sont donc sans contrat de travail depuis décembre 2018.