Trois ans après l’abandon des trottinettes électriques à Montréal, la Ville de Laval tentera l’aventure. L’administration du maire Stéphane Boyer lancera un projet pilote qui imposera plusieurs conditions à l’opérateur pour freiner le stationnement illégal.

« C’est un secret pour personne, Laval a été conçue autour de l’utilisation des voitures. […] L’ajout de vélos et de trottinettes aura pour effet de diminuer les véhicules sur la route et d’avoir un impact positif sur le trafic », a plaidé jeudi le maire Stéphane Boyer, au moment où son administration inaugurait la saison estivale de BIXI sur l’île Jésus.

Dans un appel d’intérêt publié à la fin du mois de mars, la Ville avait d’emblée indiqué avoir l’intention d’implanter une flotte de trottinettes « entre les boulevards Curé-Labelle et des Laurentides, et entre l’A440 et la rivière des Prairies pour la saison 2023 ».

Le projet, qui sera rendu possible grâce à un arrêté ministériel permettant d’ajouter Laval aux villes autorisées à participer au projet pilote du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), devrait se poursuivre jusqu’au 14 novembre 2023.

Plusieurs conditions sont toutefois mises de l’avant par la Ville, afin d’éviter de reproduire les erreurs de Montréal. Dès février 2020, en constatant qu’à peine 20 % des trottinettes utilisées en 2019 étaient stationnées dans les aires réservées, Montréal avait mis fin à la présence des trottinettes électriques sur son territoire, en disant ne pas vouloir devenir « la police des trottinettes ». Une seule saison avait alors été tenue.

À Laval, on prévoit utiliser une technologie de géoréférencement « afin d’identifier clairement aux usagers la localisation précise des stations de stationnement virtuelles, et d’empêcher la fin de la session d’utilisation de toute trottinette mal stationnée ». Ce système devrait aussi « prévoir des zones de circulation à vitesse restreinte » pour assurer la sécurité de tous. Dans ces zones, le moteur de la trottinette s’abaisserait automatiquement à la vitesse restreinte.

Une autogestion des plaintes

De surcroît, l’entreprise qui sera retenue pour offrir le service devra « être capable d’imposer des interdictions strictes de circulation par le biais d’un arrêt automatique du moteur lorsqu’un utilisateur sort de la zone expressément autorisée à la circulation », affirment les autorités.

L‘exploitant aura également « la responsabilité́ de gérer lui-même les plaintes, et l’obligation […] d’intervenir en moins de 30 minutes sur le lieu d’un signalement ». « Il devrait également avoir un local à Laval avec une équipe locale opérant en tout temps, pour gérer la flotte de trottinettes et répondre aux signalements », lit-on dans l’appel d’intérêt de la Ville.

D’ailleurs, la flotte devrait être « limitée à 100 trottinettes par exploitant, avec un maximum de trois exploitants », soutient la Ville. « Chaque station virtuelle serait dimensionnée de 15 m de long pour accueillir environ 30 trottinettes, sauf à proximité́ des métros où les stationnements seraient doublés. Les stations virtuelles seraient partagées entre tous les exploitants autorisés. L’exploitant devra mettre à disposition sur chaque trottinette un casque », ajoute-t-elle.

Sur l’île de Montréal, les trottinettes électriques en libre-service demeureront interdites cet été, mais elles seront toutefois de retour au parc Jean-Drapeau, avec un parc de 100 à 200 trottinettes. Le tout sera en service du 24 juin au 15 novembre 2023. Là aussi, il faudra toutefois implanter un système GPS pour localiser chaque trottinette en temps réel, empêcher son verrouillage au-delà des zones prévues, limiter la vitesse et empêcher l’accès à certaines zones.

D’après nos sources, l’expérience pourrait être répétée ailleurs si tout se passe bien, mais toujours dans un circuit « fermé » et restreint comme le parc Jean-Drapeau. « On est actuellement toujours en période de projet pilote du gouvernement du Québec, qui va mener notamment à une intégration de ces modes de mobilité au Code de la sécurité routière », a soutenu récemment la responsable de la mobilité au comité exécutif montréalais, Sophie Mauzerolle.