Les sans-abri vivant dans un campement sous l’autoroute Ville-Marie viennent d’obtenir un nouveau sursis : la juge Chantal Masse, de la Cour supérieure, ordonne au ministère des Transports du Québec (MTQ) d’attendre encore 10 jours avant de les expulser pour entreprendre des travaux à l’endroit où ils sont installés, près de l’avenue Atwater.

« On est très très heureux du jugement qui a été rendu par la Cour supérieure aujourd’hui par la juge Chantal Masse. [C’est] un jugement qui reconnaît que ces personnes ont droit à la vie, d’être protégées, mais aussi d’être traitées avec dignité, ce qui n’a pas été fait jusqu’à date », a déclaré le directeur général de la Clinique juridique itinérante, MDonald Tremblay, en conférence de presse mardi soir.

La décision, rendue mardi en fin de journée, fait suite aux démarches entreprises par la Clinique juridique itinérante, qui a contesté en cour l’éviction des campeurs. Un premier avis d’éviction leur avait été signifié en novembre dernier, mais le gouvernement a reculé à la dernière minute pour leur laisser le temps de trouver un endroit où se reloger. Puis, début mars, on leur a annoncé qu’ils devaient partir avant le 31 mars, date du début des travaux.

« C’est une nouvelle petite victoire pour les droits de l’homme. J’ai hâte de voir une négociation où de vraies solutions seront trouvées pour les personnes vivant sous l’autoroute. De vraies solutions qui peuvent être mises en pratique immédiatement, et non pas dans plusieurs années », a déclaré le directeur exécutif de Résilience Montréal, David Chapman.

Me Éric Préfontaine, qui représente les campeurs dans leurs démarches devant les tribunaux, s’est également dit « très content » du jugement rendu mardi. « La juge Masse a été très humaine dans son approche », a-t-il affirmé.

En mars, une entente était intervenue avec le gouvernement, qui devait chercher des solutions pour loger les campeurs avant leur éviction, mais ces discussions se sont soldées par un échec.

À la recherche de logements

Dans sa décision, la juge Masse souligne que les campeurs n’ont nulle part où aller. « Plusieurs de ces personnes souffrent de problèmes de santé mentale et de toxicomanie et certaines vivent en couple ou possèdent des animaux de compagnie, ce qui les disqualifie ou rend extrêmement complexe l’accès au support apporté dans le cadre de nombreux programmes et ressources tels que des refuges ou des logements subventionnés », écrit-elle.

« L’accès aux logements subventionnés n’est pas non plus accessible à court terme pour ces personnes, et ce, tant en raison des formalités à remplir, complexes pour ces personnes, que des listes d’attente. »

Lors de l’audience, la juge avait déploré le peu d’efforts déployés par le gouvernement, par l’entremise du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, pour trouver des logements aux campeurs, en tenant compte de leurs besoins particuliers.

« Ces gens-là ne peuvent pas aller dans des refuges à cause des conditions de vie qu’ils ont. Il faut les loger avec un accompagnement. Aujourd’hui on demande de façon très officielle au gouvernement de décamper de sa position et de venir faire la chose qui doit être faite, c’est-à-dire d’être humain et d’aider ces gens-là à réintégrer la société », a déclaré MTremblay.

La magistrate demande maintenant au CIUSSS de continuer à travailler pour trouver des endroits où loger ensemble les habitants du campement.