(Laval) En pleine campagne électorale, des Lavallois demandent aux politiciens des mesures concrètes pour protéger un des derniers milieux naturels de leur ville, dont les deux tiers avaient été ciblés comme un « milieu humide d’intérêt » par la Ville de Laval en 2020.

Le Comité de protection du boisé du ruisseau Barbe se prononcera mercredi soir devant le député libéral Yves Robillard, les candidats provinciaux de Laval et des conseillers municipaux. « On veut forcer les députés à faire bouger les choses », affirme Diane Labelle, directrice du Comité, qui a récolté près de 3000 signatures dans une pétition dénonçant le projet de développement.

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Situé au croisement des autoroutes 13 et 440, le milieu naturel du ruisseau Barbe s’étend sur une superficie de 31 hectares et abrite notamment une forêt, une érablière et des marécages ayant une valeur écologique considérable.

On demande une réforme de la Loi sur l’expropriation et de la Loi sur la qualité de l’environnement pour offrir aux villes de meilleurs outils de protection de leurs milieux naturels, indique le Comité dans une lettre envoyée aux partis politiques, consultée par La Presse.

Le Comité demande également un soutien financier aux gouvernements pour permettre à la Ville de Laval d’acquérir les lots ciblés afin d’assurer la protection de la forêt.

Situé au croisement des autoroutes 13 et 440, le milieu naturel du ruisseau Barbe s’étend sur une superficie de 31 hectares et abrite notamment une forêt, une érablière et des marécages ayant une valeur écologique considérable, explique Alexandre Choquet, chargé de projet au Conseil régional de l’environnement de Laval.

Le projet de développement pourrait engendrer la perte quasi totale de la forêt, souligne-t-il. Il s’agit d’une « immense » perte d’habitat pour la faune et la flore d’un « important îlot de fraîcheur » dans la ville, selon lui.

Rappelons que le MELCC a accordé en 2021 un permis de remblayage au propriétaire du terrain, qui souhaite construire deux bâtiments industriels et agrandir un secteur résidentiel. Le Ministère exige toutefois une compensation du promoteur de plus de 4 millions pour reconstruire l’équivalent de la biodiversité perdue.

En 2022, c’est incroyable que le gouvernement du Québec donne son aval pour détruire avec des compensations les derniers espaces verts à Laval. On ne peut pas restaurer des forêts en deux ans. Ça prend des années avant que les arbres maturent.

Jonathan Tremblay, porte-parole de la Coalition mobilisations citoyennes environnementales de Laval

D’autant plus qu’« il n’y a pas de place pour reconstruire des milieux humides à Laval », renchérit Diane Labelle.

Le remblayage a été entamé, mais aucun permis de construction n’a encore été accordé au promoteur. « Dès qu’ils se mettent à remblayer, c’est fini pour notre boisé. Et ce, même s’il n’y a pas de permis de construction », souligne Diane Labelle.

La Ville de Laval avait ajouté le milieu naturel du ruisseau Barbe à son plan de protection des milieux humides sous le règlement de contrôle par intérim (RIC). Toutefois, comme le promoteur a fait une demande au Ministère avant l’adoption du RIC, la décision revient à Québec, nous explique Stéphane Boyer, maire de Laval. « Autrement, la Ville s’exposerait à d’importantes sanctions juridiques », souligne-t-il.

Le MELCC a accusé réception du courriel de La Presse sans y donner suite.