Des clientes d’un gym pour femmes de la rue Masson, à Montréal, déplorent la décision de la direction de l’entreprise d’admettre les hommes.

Ce centre d’entraînement deviendra mixte à compter du 20 décembre et abolira, du même coup, les cours donnés par des instructeurs en chair et en os. Il était l’un des six gyms pour femmes de la chaîne Éconofitness, qui compte 70 succursales au Québec, dont 31 à Montréal.

Des membres ont mis une pétition en ligne le 19 novembre et songent maintenant à organiser une manifestation pour faire connaître leur mécontentement. Elles ont aussi écrit au député de la circonscription de Rosemont et au maire de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie pour leur demander d’intervenir.

« La bannière Éconofitness fait preuve d’un réel mépris et avance dans son projet de restructuration sans aucun égard pour les membres du centre, ayant dans sa mire la seule finalité du profit », dénonce Marie-Hélène Gauthier, membre de ce gym, qui faisait partie de la chaîne Énergie Cardio jusqu’en février dernier.

Selon Mme Gauthier, de nombreuses clientes avaient choisi ce centre parce qu’il était réservé aux femmes et qu’elles pouvaient se concentrer sur leur objectif de remise en forme sans avoir à se soucier du regard des hommes.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Marie-Hélène Gauthier a créé des affiches et en a placardé dans le quartier. 

« Une grande variété de femmes fréquentent ce centre d’entraînement : des femmes âgées, des femmes enceintes, des étudiantes, des femmes de diverses confessions religieuses, des femmes non binaires, des femmes de tout gabarit », précise-t-elle.

Une centaine de clientes ont signé la pétition. 

Je veux que le gym reste pour les femmes. Pour avoir été à des gyms mixtes Éconofitness, je me sens mieux et plus confortable en m’entraînant dans un gym réservé aux femmes. Nous avons rarement un lieu où se sentir bien, en sécurité et en confiance. Battons-nous pour le conserver !

Caroline Cerpa, cliente du gym

« Je veux que le gym Éconofitness de la rue Masson garde les cours en groupe et que ça reste uniquement pour les femmes », ajoute Julie Veber, cliente du gym.

L’entreprise n’entend pas reculer

L’entreprise ne l’entend toutefois pas ainsi et a déjà entrepris des travaux pour le rénover et ajouter un vestiaire pour hommes.

« On avait beaucoup de demandes pour un gym mixte dans le quartier », explique Renaud Beaudry, vice-président de l’entreprise et fils du fondateur de la bannière Éconofitness, Alain Beaudry, qui a aussi mis au monde les Énergie Cardio. « On cherchait un endroit pour ouvrir un gym mixte. Mais, à l’évidence, il n’y avait pas d’occasion de location, ce qui nous a fait prendre la décision d’en faire un centre mixte. »

M. Beaudry n’est pas sans savoir que cette décision soulève une petite tempête.

On a senti une certaine déception de la part de certaines femmes. Mais, pour la majorité des clientes qu’on a sondées, l’important, c’est les bas prix et la proximité du gym. Évidemment, tout changement peut amener certaines turbulences.

Renaud Beaudry, vice-président d’Éconofitness

Marie-Hélène Gauthier dit quant à elle ne pas avoir été sondée par l’entreprise. Cette décision a été annoncée sans consultation préalable, assure-t-elle, tout comme moult autres clientes.

« Quand j’ai appris que ça allait être mixte, j’étais vraiment fâchée. Ils n’ont même pas demandé l’avis des membres et ont fait ça sur un coup de tête. Ils font peut-être ça pour avoir plus de personnes, mais ils vont en perdre énormément aussi, car je ne pense pas renouveler mon abonnement tellement je suis déçue », dit Claudie Larose.

« Venez donc au gym voir ce qui s’y passe et questionner les clientes avant de prendre des décisions », renchérit Katy Boucher.

Marie-Hélène Gauthier estime que ce qui arrive au gym de la rue Masson se produit ailleurs au Québec, où une vingtaine de centres Énergie Cardio sont devenus des Éconofitness, enseigne qui offre des abonnements à bas prix et diffuse des cours sur écrans géants sans entraîneurs.

« Je connais les limites de la pression que nous pouvons exercer sur une telle entreprise, dit-elle. Mais je me dis que nous pouvons au moins leur donner mauvaise conscience. »

Éconofitness, c’est…

Une entreprise québécoise fondée en 2013

70 succursales au Québec 50 employés au siège social de Blainville 900 employés dans le réseau 260 000 membres

850 000 pi2 de superficie