Des élus montréalais réclament une hausse de leur salaire pour compenser une augmentation de leur impôt en 2019. Contrairement à plusieurs autres villes, l'administration Plante n'a toutefois pas l'intention de le faire, la mesure étant évaluée à 1,8 million.

Le groupe chargé d'étudier le budget de la Ville de Montréal s'inquiète de « la perte de revenus et de l'appauvrissement des élus » à la suite d'une nouvelle mesure imposée par le gouvernement fédéral. Ottawa a en effet annoncé au printemps 2017 qu'il comptait rendre imposables à partir de janvier 2019 les allocations de dépenses accordées aux élus municipaux et provinciaux, y voyant « un avantage dont les autres Canadiens ne peuvent bénéficier ».

En plus de leur salaire de base, les élus municipaux reçoivent une allocation de dépenses de 16 600 $ annuellement. Jusqu'à récemment, cette somme n'était pas imposable. Québec a annoncé le 28 avril 2017 qu'il renonçait pour sa part à imposer les allocations de dépenses. Bref, seul le fédéral en réclamera une partie.

Reste que les élus évaluent qu'ils perdront plusieurs milliers de dollars chacun. 

La mesure risque de toucher plus durement certains conseillers. En effet, si les 103 élus montréalais gagnent en moyenne 73 000 $, certains conseillers d'arrondissement touchent à peine 30 000 $.

La commission montréalaise sur le budget demande ainsi de « développer et présenter à tous les élus des scénarios financiers visant à compenser rétroactivement ceux-ci pour la perte de revenus encourue à la suite de l'imposition de l'allocation de dépenses ».

Pour compenser cette perte, le service des ressources humaines de la Ville a récemment calculé qu'il faudrait augmenter en moyenne de 17 860 $ le salaire de base des élus, soit 24 %. Une telle augmentation représenterait une facture de 1,8 million.

DES VILLES VONT DE L'AVANT

L'administration Plante a toutefois rejeté la demande. « Il n'y a pas d'argent réservé pour cela dans le budget. Si Québec augmente l'allocation pour compenser l'imposition, nous l'appliquerons à ce moment-là », a indiqué Youssef Amane, directeur des communications de la mairesse. Si Montréal peut déterminer le salaire de ses élus, les allocations de dépenses sont déterminées par le gouvernement provincial.

Plusieurs villes de l'île de Montréal ont toutefois déjà augmenté leurs salaires pour compenser l'impôt à payer. En octobre dernier, Beaconsfield a augmenté de 21 % le salaire de son maire, le faisant passer de 47 780 $ à 58 000 $. Le salaire des conseillers municipaux a été majoré de 13 %, pour passer de 15 920 $ à 18 000 $.

Baie-d'Urfé a majoré le salaire de sa mairesse de 29 %, le faisant passer de 22 252 $ à 28 784 $ en 2019. D'autres villes de la province ont aussi voté des augmentations. Le salaire du maire de Saint-Lambert a ainsi été augmenté de 45 %, passant de 33 152 $ à 48 000 $.

Québec ne s'est pas encore officiellement prononcé sur l'impact de la mesure imposée par Ottawa pour les élus provinciaux. Alors qu'elle siégeait sur les banquettes de l'opposition à l'époque, la Coalition avenir Québec s'était opposée à l'idée de majorer la rémunération des élus de l'Assemblée nationale pour compenser cette imposition.

- Avec la collaboration de Kathleen Lévesque, La Presse

73 000 $ Salaire de base moyen des élus municipaux

16 600 $ Allocation de dépenses versée aux élus

17 860 $ Hausse envisagée pour annuler l'effet de l'imposition de l'allocation de dépenses