(Québec) Le gouvernement caquiste tient à faire baisser les attentes concernant son prochain plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

La prochaine mise à jour de son Plan de mise en œuvre (PMO) fera moins de progrès que les plans des années précédentes, selon ce qu’a laissé entendre le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, mercredi.

Le PMO de 2023 finançait 60 % de l’effort requis pour atteindre la cible de réduction des GES prévue pour 2030, soit 9 % de plus que le plan de 2022, tandis que le plan de 2022 représentait lui-même un bond de 9 % aussi par rapport au plan de 2021.

Cependant, le plan de 2024 sera moins ambitueux.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette

« On ne fera pas des pas de 9 % chaque année », a mis en garde M. Charette, en réponse à une question de la députée Alejandra Zaga Mendez, de Québec solidaire (QS), à l’étude des crédits du ministère de l’Environnement.

« Plus on avance, plus c’est difficile » de réduire les émissions de GES au Québec, a-t-il poursuivi.

Le Parti québécois (PQ) s’est inquiété des messages lancés par le ministre. Le député Joël Arseneau a noté que la courbe de progression vers la cible devait être constante puisqu’il reste à peine cinq ans pour progresser de 40 % dans la mise en place des mesures financières et réglementaires.

« Est-ce que vous êtes en train de nous dire qu’on n’atteindra pas nos objectifs ? » a demandé le député des Îles-de-la-Madeleine.

« Non, pas du tout », a assuré M. Charette.

La courbe qu’on a pu prendre ces dernières années nous permet de croire que c’est réaliste. Quand je dis réaliste, je ne veux pas dire facile.

Benoit Charette, ministre de l’Environnement

Toutefois, il a assuré que la cible de 2030 était toujours atteignable et qu’elle était réaliste.

Rappelons que le Québec s’est engagé à réduire de 37,5 % ses émissions de GES par rapport au niveau de 1990, conformément à ses engagements internationaux pris lors de l’Accord de Paris en 2015. L’objectif ultime est d’atteindre la carboneutralité, soit de n’émettre aucun GES, en 2050.

Entre-temps le gouvernement mènera des consultations afin de fixer une cible intermédiaire entre 2030 et 2050.

En 2022, selon les estimations officielles, 79  millions de tonnes de GES ont été émises au Québec, soit 1,8 % de plus que les 77,6 millions rejetées dans l’atmosphère en 2021, et davantage que les prévisions évoquées par le gouvernement en décembre dernier.

C’est un rebond inquiétant, considérant que les émissions sont censées diminuer de façon constante.

Depuis l’année 2020, au plus fort de la pandémie, lorsque 74 mégatonnes avaient été émises dans l’atmosphère, les émissions polluantes sont en croissance.

L’objectif de 37,5 % de réduction d’ici à 2030 semble s’éloigner : on était à 8,9 % de réduction accomplie entre 1990 et 2021, et si on considère maintenant la hausse des émissions de 2022, on est à 7,1 % du chemin parcouru.