(Saint-Jean) Un mégaprojet de plusieurs milliards de dollars approuvé mardi à Terre-Neuve-et-Labrador dans le cadre d’une course au développement de la première exploitation d’hydrogène vert du pays amène certains à se demander si la province a tiré les leçons de ses erreurs.

Sean Leet, directeur général de World Energy GH2, se dit conscient des inquiétudes des résidants concernant le projet Nujio’qonik, d’une valeur de 12 milliards US, tout en affirmant que l’entreprise construit quelque chose dont la province et le pays seront fiers.

Pour Nick Mercer, professeur adjoint de sciences environnementales à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, les projets de plus de 300 éoliennes et d’une usine de production d’hydrogène et d’ammoniac dans l’ouest de l’île de Terre-Neuve n’offrent pas suffisamment d’avantages ou de contrôle aux habitants.

M. Mercer, qui a grandi dans la province, fait également partie d’un groupe de citoyens inquiets, craignant que le mégaprojet dirigé par World Energy GH2 ne soit trop vaste, expérimental, et qu’il utilise la campagne de Terre-Neuve comme terrain d’essai au profit d’une entreprise privée.

Bill Montevecchi, spécialiste des oiseaux marins à l’Université Memorial de Saint-Jean, rappelle quant à lui que les problèmes de la province avec le barrage hydroélectrique de Muskrat Falls montrent que les grands projets à gros budget comportent d’énormes risques.

Le gouvernement provincial a approuvé mardi l’évaluation environnementale du projet Nujio’qonik sous plusieurs conditions, et M. Leet affirme que l’entreprise prendra une décision finale au début de l’année prochaine pour savoir si elle poursuivra ou non l’opération.

Le barrage hydroélectrique de Muskrat Falls avait reçu le feu vert du gouvernement progressiste-conservateur de la province en 2012, pour un prix estimé à environ 7,4 milliards. Son coût a depuis grimpé à plus de 13 milliards.

Bien qu’il ait finalement été déclaré en état de marche l’année dernière, certains de ses composants présentent des problèmes persistants.

Le gouvernement libéral du premier ministre Andrew Furey accuse souvent Muskrat Falls d’être responsable des problèmes financiers de la province, et il l’a qualifié en 2021 de « point d’ancrage autour de l’âme collective » des citoyens de Terre-Neuve-et-Labrador.