(Washington) L’agriculture biologique peut conduire à l’utilisation de davantage de pesticides dans les champs d’à côté utilisant eux une agriculture conventionnelle, selon une étude publiée jeudi et conduite en Californie.  

Cet effet indésirable et involontaire peut toutefois être contré en regroupant au maximum les champs bio les uns à côté des autres, souligne l’étude, publiée dans la prestigieuse revue Science.  

Ashley Larsen, autrice principale, a tenu à souligner lors d’une conférence de presse ne pas vouloir que ces travaux soient « réduits à un titre ».

« On s’attend à une croissance de l’agriculture biologique à l’avenir, alors comment faire pour que cela ne cause pas de dommages collatéraux ? », a-t-elle résumé pour expliquer sa démarche.  

Cette chercheuse en sciences environnementales de l’Université de Californie à Santa Barbara et ses collègues ont étudié quelque 14 000 parcelles du comté de Kern, en Californie, qui cultive une grande variété de produits, comme des raisins, citrons, amandes, pistaches, tomates, pommes de terre…  

Les chercheurs ont pris en compte les cartes des champs étudiés, leur classification bio ou non, et des données sur leur utilisation de pesticides.  

Ils ont observé que l’agriculture biologique était associée à une utilisation légèrement supérieure de pesticides sur les champs conventionnels proches, mais aussi à une diminution plus importante des pesticides sur les champs bio voisins.

« Notre hypothèse […] est que l’agriculture biologique abrite une plus grande population d’insectes nuisibles, mais aussi de leurs ennemis naturels », a expliqué Ashley Larsen. Ainsi, les champs conventionnels « ont une population plus petite d’ennemis naturels, et lorsqu’ils voient les insectes nuisibles arriver, ils augmentent leur usage de pesticides. »

Les chercheurs ont aussi observé que l’usage de pesticides sur les champs conventionnels décroissait à mesure que leur distance par rapport aux champs bio grandissait.  

« Il pourrait être intéressant de réfléchir à des mesures incitant au regroupement de champs pratiquant l’agriculture biologique », a suggéré la chercheuse.  

Dans un article de commentaire séparé, également publié dans Science, Erik Lichtenberg de l’Université du Maryland a souligné que même si les chercheurs avaient montré que les décisions des agriculteurs relatives aux pesticides étaient influencées par la présence de champs bio, les mécanismes à l’œuvre restaient peu clairs.  

La nature des produits cultivés, leur résistance aux insectes nuisibles, et les pratiques personnelles des agriculteurs peuvent jouer un rôle.

« Quels insectes nuisibles sont impliqués, d’où ils viennent et comment ils se déplacent sont des choses mal comprises », a-t-il écrit, appelant à davantage de recherches sur le sujet.