Des centaines de citoyens ont manifesté à proximité du futur site de l’usine de batteries de Northvolt, à McMasterville, sur la Rive-Sud de Montréal, pour réclamer au gouvernement qu’il soumette le projet à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

L’évènement a pris la forme d’une « marche funèbre » à la mémoire de « toutes les notions citoyennes » menacées par le projet de Northvolt, aux dires de l’oratrice : la justice fiscale, la rivière Richelieu, les milieux humides et le BAPE.

Des concepts ont été inscrits sur des cartons, placés de façon théâtrale dans un cercueil en bois peint en noir, qui a ouvert la marche depuis le stationnement de la gare de McMasterville jusque dans les rues résidentielles situées de l’autre côté de la route 116.

Selon les organisateurs, plus de 250 personnes y ont pris part.

Pour plusieurs manifestants, le projet de l’entreprise suédoise n’est pas nécessairement à condamner, mais trop de questions restent en suspens, résume la co-porte-parole du Comité Action Citoyenne — Projet Northvolt, Jacinthe Villeneuve.

« Est-ce que c’est vraiment un bon choix sur le plan économique ? […] Est-ce qu’on va vraiment être une filière batterie ? Est-ce qu’on va avoir des PME qui vont prendre part à ça ? », se questionne-t-elle.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Jacinthe Villeneuve, co-porte-parole du Comité Action Citoyenne — Projet Northvolt

Et sur le plan écologique, est-ce qu’on prend vraiment la bonne décision de raser des milieux humides pour construire une usine de batteries ?

Jacinthe Villeneuve, co-porte-parole du Comité Action Citoyenne — Projet Northvolt

« Le gouvernement dit qu’il y a une acceptabilité sociale au projet de Northvolt, mais pour nous, de plus en plus, la réponse est non », ajoute-t-elle en pointant la mobilisation de dimanche comme une preuve que le projet crée de la grogne dans la population.

Un discours « paradoxal »

Oui, la décision ultime d’autoriser ou non le projet de Northvolt revient au gouvernement, mais la tenue d’un BAPE permettrait à tout le moins de « l’améliorer », souligne le porte-parole de Greenpeace Canada, Patrick Bonin.

« Ce n’est qu’un pouvoir consultatif, mais ô combien important dans une démocratie et dans une réalité où on doit revirer toutes les pierres et connaître quels sont les impacts environnementaux et sociaux », a-t-il expliqué tout juste avant le début de la marche.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Le président de Northvolt Amérique du Nord, Paolo Cerruti

À Paolo Cerruti, PDG de Northvolt Amérique du Nord, qui a indiqué, en entrevue avec La Presse, avoir été « pris par surprise » par la réaction de « certains environnementalistes », Patrick Bonin répond que « s’ils ne sont pas habitués à avoir ça en Suède, bien je pense qu’ils doivent arriver au Québec parce qu’on a toujours fait ça ».

Lisez la chronique « Milieux humides sur le terrain de Northvolt : “La réaction nous a pris par surprise” »

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Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada

Il est encore temps pour le gouvernement de faire amende honorable, d’écouter la population et les groupes […] qui demandent un BAPE et de mettre ça rapidement en place.

Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada

Des propos qui rejoignent ceux de Francis Lussier-Charron, un citoyen venu de Montréal pour manifester dimanche. Ce dernier déplore que le discours « au nom de l’environnement » entourant le projet de Northvolt soit « paradoxal », avec la volonté de l’entreprise d’abattre 14 000 arbres vivants ou morts sur son terrain dans le cadre des travaux préparatoires.

L’entreprise a pu reprendre ses travaux le 26 janvier dernier après le rejet par la Cour supérieure de la demande d’injonction provisoire du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) visant à contraindre l’entreprise à les suspendre.

Une version précédente de ce texte mentionnait que la manifestation comptait une centaine de participants. Les organisateurs et des participants estiment qu’ils étaient plutôt dans les environs de 250.

En savoir plus
  • 2,75 milliards
    Sommes offertes par Québec et Ottawa pour financer la construction de l’usine québécoise de Northvolt
    source : LA PRESSE
    4,6 milliards
    Somme maximale des subventions à la production offertes à l’entreprise par les deux ordres de gouvernement
    source : LA PRESSE