(Québec) François Legault s’inquiète des contestations contre certains grands chantiers industriels pour développer l’économie verte au Québec. « Il faut changer d’attitude », plaide-t-il, quelques jours après la tenue d’une manifestation pour exiger que le projet de méga-usine de Northvolt soit soumis à un examen du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Dans un point de presse à Québec, le premier ministre a affirmé que des dirigeants d’entreprise ne comprennent pas ce qui se passe au Québec. Dimanche, plus de 200 citoyens ont manifesté à McMasterville, sur la Rive-Sud, affirmant que trop de questions restent en suspens face au projet d’usine à batterie dans lequel l’aide publique pourrait dépasser 7 milliards.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

Des citoyens ont manifesté à McMasterville, sur la Rive-Sud, affirmant que trop de questions restent en suspens face au projet d’usine à batterie dans lequel l’aide publique pourrait dépasser 7 milliards.

« C’est inquiétant. Si on veut être capables de relever les grands défis, d’éliminer les GES, d’investir plus en santé et en éducation pour donner de meilleurs services, de continuer à remettre de l’argent dans le portefeuille des Québécois, il va falloir être capables d’accepter ces grands projets », a dit M. Legault.

Quand je regarde certaines personnes critiquer sans nuance les projets de développement économique au Québec, ça me rend triste. Je me dis [qu’avec] ce genre d’attitude, on ne serait pas capables de faire la Baie-James que les gouvernements précédents ont faite.

François Legault, premier ministre du Québec

Demande d’injonction rejetée

Le mois dernier, la Cour supérieure du Québec a rejeté la demande d’injonction provisoire du Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) qui visait à contraindre l’entreprise à suspendre ses travaux qui empiètent sur des milieux humides. En entrevue avec La Presse, le président-directeur général de Northvolt en Amérique du Nord, Paolo Cerruti, s’est dit surpris d’avoir été selon lui injustement attaqué sur les valeurs fondamentales de l’entreprise.

« C’est la première fois qu’on est ainsi attaqués sur notre engagement environnemental. Notre mission est d’accélérer la sortie d’une société dépendante aux énergies fossiles en voulant fabriquer la batterie la plus verte au monde », a-t-il déclaré.

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Pour le premier ministre Legault, ce genre de projets industriels est incontournable pour le Québec, dans le contexte où la province souhaite éliminer ses GES d’ici 2050 et qu’elle veut réinvestir massivement en santé et en éducation, sans devoir rehausser les impôts.

« Si on veut être capables au Québec à la fois de lutter contre les changements climatiques, d’investir en santé et en éducation sans augmenter les impôts, il y a juste une manière de faire ça et c’est de créer de la richesse. Ce n’est pas une fin en soi, mais ça nous donne les moyens de répondre à ces trois défis-là », a dit M. Legault.

« Il faut trouver des moyens d’économiser de l’électricité, que ce soit dans les transports en commun, que ce soit l’efficacité énergétique, il faut essayer de consommer moins d’électricité. Il faut construire de l’éolien. Mais on ne s’en sortira pas. Ça va prendre plus de barrages et ça va prendre des usines de l’économie verte, comme Northvolt. Comme GM. Comme Ford. Comme d’autres projets qu’on a sur la table actuellement », a-t-il ajouté.

Une version antérieure de ce texte comportait une inexactitude concernant le nombre de manifestants à McMasterville.