(Ottawa) Les constructeurs automobiles canadiens ont vendu plus de véhicules électriques cette année que jamais auparavant, mais il leur faudrait encore presque doubler ce chiffre d’ici trois ans pour remplir un nouveau mandat national.

Mardi, le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, devrait dévoiler les règles finales de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement, qui établiront le tout premier mandat de réglementation nationale sur les véhicules électriques au Canada.

M. Guilbeault a fixé les objectifs il y a un an, exigeant que d’ici 2026, 20 % des véhicules de promenades vendus soient des véhicules zéro émission (VZE).

Cette part doit augmenter chaque année, pour atteindre 60 % en 2030 et 100 % en 2035.

Les règlements définitifs devraient être publiés d’ici la fin de la semaine, après une consultation approfondie et les commentaires du public, ainsi que des parties prenantes de l’industrie et de l’environnement.

Les données publiées la semaine dernière par Statistique Canada montrent qu’au cours des neuf premiers mois de 2023, 132 783 nouveaux véhicules électriques à batterie ou hybrides rechargeables ont été immatriculés à travers le pays, ce qui représente 10,3 % du total des nouvelles immatriculations.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Cela représente environ la moitié de la quantité nécessaire en 2026 pour atteindre le premier objectif. Il s’agit néanmoins d’un nombre record et en croissance constante depuis 2020.

Au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, 90 163 voitures, camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport (VUS) étaient des véhicules zéro émission, soit 7,7 % des immatriculations de véhicules. Cela représente une augmentation par rapport aux 5 % en 2021 et aux 3,3 % en 2020.

Le mandat s’appliquera aux constructeurs, et non aux concessionnaires, qui devront démontrer qu’un pourcentage minimum des véhicules qu’ils importent ou proposent à la vente au Canada sont des VZE.

S’ils gagnent plus de crédits que ce dont ils ont besoin, ils peuvent les mettre en réserve pour les années à venir ou les vendre aux fabricants qui en manquent. Ils peuvent également combler une partie du déficit en investissant dans les infrastructures de recharge.

Le projet de règlement suggérait que chaque véhicule entièrement électrique reçoive un crédit, tandis que les hybrides rechargeables, également appelés PHEV, recevraient un crédit en fonction de leur autonomie.

Seuls ceux dont l’autonomie de batterie est supérieure à 80 kilomètres bénéficieront d’un crédit complet. Ceux dont l’autonomie est comprise entre 50 et 79 kilomètres recevront 0,75 crédit et ceux entre 16 et 49 kilomètres, seulement 0,15 crédit.

Après 2026, un PHEV avec une autonomie inférieure à 50 kilomètres ne recevrait plus rien, tandis qu’après 2028, seuls les PHEV avec une autonomie supérieure à 80 kilomètres seraient éligibles à un crédit.

Les hybrides rechargeables peuvent également ne représenter qu’une partie de la liste de conformité d’un constructeur, avec un maximum de 45 % des crédits gagnés provenant des PHEV en 2026. En 2027, ce maximum tombera à 30 % en 2027 et après 2028, il sera de 20 %.

Un défi dans les zones rurales

Environnement Canada a déclaré croire que les PHEV, qui passent automatiquement à un moteur à essence lorsque la charge de la batterie est épuisée, seront nécessaires dans les communautés rurales et éloignées pendant plus longtemps. Cela est dû en partie au manque d’infrastructures de recharge.

Alors qu’environ 80 % des conducteurs de VZE chargent leur véhicule exclusivement à leur domicile pour circuler en ville, on ne peut pas en dire autant de ceux qui vivent dans des zones rurales et éloignées, où le nombre de kilomètres parcourus par jour est souvent beaucoup plus élevé, nécessitant des recharges plus fréquentes.

Joanna Kyriazis, directrice des affaires publiques de Clean Energy Canada, un institut de recherche de l’Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, a déclaré que la plupart des véhicules entièrement électriques ont désormais une autonomie supérieure à 450 kilomètres et que les entreprises trouvent des moyens de l’étendre constamment.

Le gouvernement veut avoir pour mandat d’obliger les constructeurs automobiles à rendre davantage de véhicules électriques disponibles au Canada. Mme Kyriazis a affirmé qu’elle pensait que cela se produirait et que cela obligerait les entreprises à commencer à rendre les véhicules plus abordables.

Mme Kyriazis a indiqué que l’analyse récente de l’institut montre que même avec un prix d’achat plus élevé, cette différence de coût est compensée en un an grâce aux économies réalisées grâce à l’utilisation de l’électricité au lieu de l’essence, ainsi qu’à des frais de maintenance inférieurs. Par exemple, les véhicules électriques ne nécessitent pas de vidange d’huile régulière.

L’Association canadienne des constructeurs de véhicules affirme que le gouvernement doit augmenter le montant des rabais offerts pour l’achat de véhicules électriques afin de compenser le coût supplémentaire de l’achat d’un véhicule électrique par rapport à un modèle à essence.

L’organisation a également déclaré que la disponibilité de la recharge des véhicules doit augmenter massivement pour donner aux gens la confiance qu’ils peuvent alimenter leur véhicule quand et où ils en ont besoin.

Le Québec et la Colombie-Britannique ont déjà des mandats de vente de véhicules électriques et sont également bien en avance sur les autres provinces en matière de ventes de ce type de voitures. Les deux tiers de tous les véhicules électriques vendus au Canada cette année l’étaient dans ces deux provinces, alors qu’ils représentent environ les deux cinquièmes des ventes totales de véhicules.

Au troisième trimestre de 2023, le Québec et la Colombie-Britannique ont dépassé l’objectif de 20 % pour les ventes de véhicules électriques. L’Ontario, qui venait en deuxième position, était à 8 %.

Le mandat national s’appliquerait à l’ensemble des véhicules vendus à l’échelle du pays plutôt qu’à l’intérieur de chaque province.