Certains l’ont qualifié d’accord historique, tandis que d’autres estiment qu’on en fait trop peu. L’accord intervenu à la COP28 ne laisse personne indifférent. Voici les grandes lignes de ce texte de 21 pages.

On y parle des énergies fossiles

C’est la principale victoire de cette COP28. Pour la première fois en 28 ans, les « énergies fossiles » sont clairement mentionnées dans un texte final d’un peu plus de 11 000 mots adopté par les représentants de 195 pays. On y a déjà fait référence par le passé, mais c’était plutôt en vue de mettre fin aux subventions « inefficaces » aux énergies fossiles. « Effectuer une transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, de manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action au cours de cette décennie critique, afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050, conformément à la science », propose-t-on dans le nouvel accord.

Tripler la capacité des énergies renouvelables

« Le texte adopté constitue un petit pas en avant, mais positif, sur la voie difficile à suivre pour prévenir une grande partie des perturbations climatiques qui peuvent encore être évitées », a écrit Jean-Pascal van Ypersele, ancien vice-président du GIEC, sur le réseau X, mercredi. Autre bonne nouvelle, l’entente propose d’ici 2030 de « tripler la capacité d’énergie renouvelable » et de doubler le taux annuel d’amélioration de l’efficacité énergétique. Signalons qu’au cours des dernières années, la baisse des coûts des technologies vertes a permis leur déploiement à plus grande échelle.

Sortir du charbon, mais…

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’accord de la COP28 fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Sur la photo, un terminal charbonnier dans la province de Jiangsu, en Chine.

« Accélérer les efforts en faveur d’une réduction progressive de l’énergie alimentée au charbon sans mesures d’atténuation. » L’entente fait expressément référence au charbon, mais sans fixer d’échéancier tout en permettant de recourir à ce combustible si on utilise des technologies de captage et de stockage des émissions de CO2. Or, ces dispositifs relativement nouveaux n’ont pas encore fait leurs preuves à grande échelle et s’avèrent extrêmement coûteux. Le texte prévoit également la suppression progressive des subventions inefficaces aux énergies fossiles le plus rapidement possible, mais n’inclut pas celles jugées nécessaires dans les pays les plus pauvres.

Réduire « considérablement » les émissions de méthane

« Accélérer et réduire considérablement les émissions autres que le dioxyde de carbone à l’échelle mondiale, y compris notamment les émissions de méthane d’ici 2030 », indique-t-on. Le méthane, rappelons-le, est un gaz à effet de serre dont le potentiel de réchauffement est au moins 25 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 100 ans. Il est responsable d’environ 30 % du réchauffement planétaire. Si l’accord insiste sur la réduction rapide des émissions de méthane, c’est que celle-ci permettrait une diminution tout aussi rapide de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère.

Oui au gaz naturel

PHOTO MARTIN COSSARINI, ARCHIVES REUTERS

Construction d’un gazoduc destiné au transport du gaz naturel, en Argentine, en avril dernier

Le texte « [r]econnaît que les carburants de transition peuvent jouer un rôle en facilitant la transition énergétique tout en assurant la sécurité énergétique ». Cet ajout fait référence au gaz naturel, moins polluant que le charbon, par exemple. Dans le contexte du conflit entre la Russie et l’Ukraine, plusieurs pays sont aussi aux prises avec des problèmes d’approvisionnement. Le gaz naturel est depuis longtemps présenté comme une source d’énergie de transition, une option de plus en plus critiquée cependant, étant donné le peu de progrès réalisé dans la réduction des émissions des énergies fossiles en général.

Consultez le texte adopté à la COP28 (en anglais)