Sillonner les rues de Montréal pour ramasser les meubles abandonnés, puis les redistribuer aux plus démunis : c’est la mission que s’est donnée la Société pour l’action, l’éducation et la sensibilisation environnementale de Montréal avec sa campagne RebutRécup.

À l’aide d’une camionnette électrique, l’équipe de RebutRécup, composée de quelques paires de bras, a amassé 10 tonnes de meubles, vaisselle, décorations et jouets du 19 juin au 7 juillet, ce qui équivaut au poids de sept Toyota Corolla. Il s’agit d’une hausse de 300 % par rapport à la collecte précédente, qui avait eu lieu à Milton-Parc, au printemps. Cette fois, la cueillette s’est déroulée en pleine saison des déménagements, exclusivement dans le Plateau-Mont-Royal.

Le fonctionnement est simple. L’équipe RebutRécup arrive avec sa camionnette chez un donateur qui s’est inscrit à la collecte au préalable, embarque ses meubles, puis les entrepose dans un conteneur. Et rebelote, pendant près de trois semaines.

L’ambition, c’est de pouvoir ramasser tout ce dont les gens ne veulent plus et éviter au maximum que les meubles finissent dans les sites d’enfouissement. Ces sites se remplissent à une vitesse folle et des meubles, ça prend énormément de place.

Garance François, chargée de projet dans l’équipe RebutRécup

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Le mobilier offert par Laura Patricolo est ramassé par l’équipe de RebutRécup.

Des moyens limités

La plus récente collecte a débuté le 19 juin, vers 10 h. Une équipe de quatre personnes, dont Garance François et une bénévole, s’est dirigée vers un appartement de la rue Fullum, pour y ramasser un buffet donné par une dame. Le vaisselier était lourd, trop lourd, même. Une fois sur place, Garance a dû expliquer à la femme que l’équipe de RebutRécup ne pouvait pas l’emporter.

« On n’est pas des déménageurs. Et on ne veut pas se blesser avec des objets trop lourds », explique Garance François en entrevue.

Pour cette même raison, l’équipe ne récolte aucun gros électroménager, comme les poêles, laveuses, sécheuses et réfrigérateurs.

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Garance François remercie Laura Patricolo d’avoir donné sa commode, le premier meuble ramassé de la collecte.

La deuxième mission du jour était plus accessible. Laura Patricolo, résidante du Plateau Mont-Royal, voulait donner des armoires et des tiroirs au suivant. « J’aime donner les choses dont je n’ai pas besoin », a indiqué la bonne Samaritaine.

Cette fois-ci, pas de problème, tout a été collecté.

L’équipe de RebutRécup dispose de moyens limités. Son seul véhicule, qui transporte les meubles, n’a que deux places. Et le seul conteneur, où les meubles sont entreposés, est doté d’une capacité de seulement 2,5 tonnes. RebutRécup compte aussi sur un triporteur et quelques chariots, pour ramasser les plus petits objets.

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Le meuble est apporté au conteneur, où il a été entreposé jusqu’à ce qu’il soit donné à un organisme de bienfaisance.

Un avenir prometteur

Le projet RebutRécup, lancé il y a quatre ans, est désormais victime de son succès. Le conteneur, situé rue Marie-Anne, angle Cartier, débordait après seulement trois jours de collecte, indique Garance François. Il s’agit d’un réel problème, puisque la SAESEM n’a accès à aucun autre espace pour entreposer les meubles.

Pour libérer de l’espace dans le conteneur, l’organisme a organisé une vente sur contribution volontaire, sur les lieux mêmes. Finalement, 7,5 tonnes de meubles ont été vendues à bas prix.

Les 2,5 tonnes restantes seront données à des organismes de bienfaisance, dont L’Armée du Salut, le Collectif Bienvenu et Pain et Plus. Ces derniers redistribueront les meubles aux familles dans le besoin.

Selon le directeur général de la SAESEM, Jean-Sébastien Matte, le projet RebutRécup pourrait atteindre une nouvelle dimension avec davantage de financement. « Il n’y a pas de limite [au projet]. La limite, elle est physique. Si on avait un local, si on avait plus de véhicules, si on pouvait mettre 10 conteneurs... on finirait par les remplir ! », lance-t-il.

La prochaine collecte RebutRécup se tiendra au mois d’octobre, dans le quartier Ville-Marie.

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