(Montréal) Des membres du collectif Mères au front se sont rassemblés dimanche midi pour souligner un an de manifestations hebdomadaires devant les bureaux montréalais du premier ministre, François Legault, et appeler à une action gouvernementale accrue face à la crise climatique.

Le regroupement a célébré sa 51e manifestation tenue devant l’édifice de la rue Sherbrooke depuis le 4 avril dernier. Chaque dimanche, mères, grand-mères, enfants et alliés ont fait entendre leurs inquiétudes liées aux enjeux environnementaux et écrit sur le trottoir des messages à la craie, invitant les décideurs politiques à agir pour limiter les émissions de gaz à effet de serre (GES).

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Un sit-in des Mères au front devant le bureau de François Legault à Montréal, en août 2022

Mères au front demande, entre autres, une réduction des émissions de GES de 65 % d’ici 2030, un objectif tiré des recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Andréanne Grimard, qui a amorcé le mouvement des rassemblements hebdomadaires, a expliqué en entrevue que l’initiative était née d’un « sentiment d’urgence » et qu’elle visait à faire pression sur le premier ministre pour que Québec « écoute la science » en adoptant des politiques climatiques concrètes et durables.

« Ce que les scientifiques nous disent, c’est qu’on doit réduire les émissions de 65 % d’ici huit ans. Actuellement, les cibles du Québec sont de 37 %, et même le plan pour y arriver est insuffisant. On est donc doublement en retard », a-t-elle ajouté.

Cinq mères au front avaient rencontré François Legault, en juin 2022, pour exiger des actions immédiates en lien avec la crise climatique. Le premier ministre a d’ailleurs été invité au 51e rassemblement, a précisé Mme Grimard, mais n’était pas disponible.

Un « cri du cœur »

Créé il a y presque trois ans, le mouvement Mères au front a d’abord puisé ses forces dans « la passion et la colère », a indiqué la coordonnatrice Gabrielle Spenard-Bernier.

« Mères au front est parti d’un réel cri du cœur de plusieurs mères qui ont réalisé l’ampleur de leur anxiété et leur impuissance face à l’inaction des gouvernements pour protéger l’avenir de leurs enfants et du vivant », a-t-elle raconté à La Presse Canadienne.

Présents dans treize des dix-sept régions administratives du Québec, les différents groupes locaux du collectif s’impliquent au sein de dossiers politiques qui touchent leur communauté et mènent des activités de mobilisation, d’éducation et de sensibilisation.

« En tant que mouvement décentralisé, on a la capacité d’agir sur plusieurs fronts à la fois, mais aussi de se réunir pour exercer une pression plus importante sur les gouvernements, a souligné Mme Spenard-Bernier […] Les groupes locaux tissent beaucoup de relations avec leurs élus municipaux et leur demandent de passer des réglementations pour protéger la santé et l’environnement ».

Aux yeux de Laure Waridel, co-instigatrice du collectif Mères au front et écosociologue de formation, le manque d’action de la classe politique devant l’urgence climatique est « absolument scandaleux », d’autant plus que les solutions pour lutter sont réitérées année après année par la communauté scientifique.

« On est en train de laisser nos écosystèmes se dégrader, et on oublie que c’est la base même de notre santé qui est en jeu en ce moment. […] On n’a pas l’impression que [les politiciens] jouent leur rôle de protecteurs : on sait que les études se multiplient et indiquent que si on ne prend pas soin de l’environnement, on néglige l’avenir de nos enfants », a-t-elle déclaré en entrevue.

Dans son plus récent rapport de synthèse publié en mars, le GIEC signalait que les impacts des changements climatiques étaient encore plus rapides que prévu et que des transitions de grande envergure étaient nécessaires pour limiter les conséquences irrémissibles sur la planète.

« Quand les mères se mobilisent, généralement, c’est que ça va vraiment mal. Elles en ont déjà plein les bras à prendre soin de leurs enfants et à essayer de concilier leur carrière et leurs engagements. Aujourd’hui, ce sont des enjeux beaucoup plus grands que les structures qu’on retrouve au quotidien », a attesté Mme Waridel.

« On ne peut plus se contenter de faire des lunchs zéro déchet et de s’impliquer dans les écoles à gauche et à droite : il faut des politiques nationales et municipales qui sont à la hauteur de l’urgence environnementale, et on ne les a absolument pas en ce moment. »

Le collectif prévoit l’organisation d’une marche pour le climat vers la fin du mois de septembre à Montréal, à l’instar de celle tenue à Québec, le 8 mai 2022.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.