Une centaine de personnes ont manifesté lundi soir, moins de 24 heures après la signature d’un accord à la COP15, pour dénoncer une « mascarade » sans effet réel pour assurer l’avenir de la biodiversité.

Scandant des slogans, ils sont partis du square Philips avant de cheminer à travers les rues du centre-ville jusqu’aux abords du Palais des congrès où des dizaines de policiers antiémeute les ont entourés.

À cet endroit, les manifestants ont accroché des peluches à l’effigie de différentes espèces animales à une potence de fortune, les condamnant chaque fois à mort pour des crimes imaginaires comme, par exemple, « d’avoir grandi là où [nous] voulions nous construire ».

Rencontrés juste avant la marche, certains avaient dénoncé les conclusions de la COP15, « des engagements auxquels personne n’est redevable ». « C’est ce qu’on a vu avec les autres COP, c’est que les résultats sont toujours plus minimes, ne sont pas assez pour changer les choses et qu’en plus, on ne va pas les respecter », a souligné une manifestante qui souhaitait conserver l’anonymat.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Une centaine de manifestants ont manifesté.

« D’après les savoirs autochtones et scientifiques, ce qui serait pertinent de faire à ce point-ci, c’est de remettre en question le système capitaliste qui est à la base du problème », a déploré à ses côtés un autre manifestant qui lui non plus n’a pas souhaité s’identifier.

« Compromis confortables »

« Protéger la biodiversité, c’est combattre ce qui la détruit. La transition socioécologique ne peut être pavée de compromis confortables et d’aménagements superficiels », a déclaré par la suite une oratrice.

Cette dernière a ensuite décrié la position du gouvernement Legault, y compris celle de son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, qui, dans une entrevue accordée au quotidien Le Devoir, a dit souhaiter conserver son pouvoir d’empiéter dans les habitats d’espèces menacées dans le cadre certains projets de développement à la « pertinence réelle ».

Malgré une très forte présence policière, la soirée s’est conclue sans incident lorsque les manifestants ont emprunté le métro, comme a pu constater La Presse. Les participants répondaient à l’appel de la Coalition anticapitaliste et écologiste contre la COP15.

Le système capitaliste responsable

Dans un communiqué de presse diffusé avant la manifestation, cette dernière déplorait la mesure phare proposée lors de la COP15, soit la protection de 30 % des milieux naturels terrestres et marins d’ici 2030. « Selon la Coalition, cette mesure occulte complètement cette idée que ce qui est destructeur pour la biodiversité, c’est le système économique capitaliste, coloniale et impérialiste qui pourra continuer de détruire la vie sans embûche à l’extérieur des zones protégées », pouvait-on y lire.

Dans la nuit de dimanche à lundi, un accord qualifié d’« historique », afin de renverser le déclin mondial de la biodiversité a été arraché à la 15e conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), à Montréal.

L’objectif phare de protéger « au moins 30 % des terres, des eaux intérieures et des océans » y demeure, et une voie de passage a été trouvée pour solutionner l’épineuse question du financement des mesures de protection de la biodiversité dans les pays en développement.