Au premier jour de la COP27 sur le climat à Charm el-Cheikh, en Égypte, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué dimanche que la planète s’était maintenant réchauffée de 1,15 °C depuis l’ère préindustrielle. Une moyenne qui s’approche dangereusement du seuil fixé à 1,5 °C par les scientifiques. Gros plan sur huit chiffres clés de la crise climatique.

1,15 °C

Selon les plus récentes données de l’Organisation météorologique mondiale rendues publiques dimanche, la planète s’est déjà réchauffée de 1,15 °C depuis l’ère préindustrielle. « Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse », a affirmé le secrétaire général de l’ONU António Guterres dans un message vidéo diffusé à Charm el-Cheikh. Il a en outre réclamé des « actions ambitieuses et crédibles ». Mais ce chiffre ne dit pas tout : il s’agit d’une moyenne à l’échelle mondiale. Car dans certaines régions du monde, le réchauffement est encore plus rapide. L’Europe, par exemple, se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète. Un récent rapport de l’ONU signale que l’Europe a connu un réchauffement de 0,5 °C en seulement 30 ans (1991-2021). En Amérique du Nord, les experts s’attendent également à un réchauffement deux fois supérieur à la moyenne mondiale d’ici 2100. Par ailleurs, l’OMM a signalé dimanche que les huit dernières années, incluant 2022, auront été les plus chaudes depuis l’ère préindustrielle.

29 pays

En vue de la COP27, seulement 29 pays ont présenté de nouveaux engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Or, selon l’ONU, les engagements actuels nous mènent vers un réchauffement de 2,8 °C d’ici la fin du siècle, si et seulement si les promesses des nations sont respectées. D’ici 2030, on s’attend d’ailleurs à ce que les émissions de GES augmentent de 10,6 % par rapport aux niveaux de 2010. Selon le GIEC, celles-ci devraient plutôt diminuer de 45 % d’ici la fin de la décennie par rapport aux niveaux de 2019 afin de respecter la cible de l’Accord de Paris.

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Des participants à la COP21, en 2015 au Bourger, près de Paris, regardent une carte du monde représentant les anomalies climatiques.

1,5 °C

C’est la cible fixée par l’Accord de Paris, conclu lors de la COP21 tenue en 2015. Cet objectif n’a pas été établi au hasard, il représente une limite au-delà de laquelle les conséquences des changements climatiques seront irréversibles dans plusieurs régions du monde. Un réchauffement supérieur à 1,5 °C d’ici la fin du siècle signifie également que des millions, voire des milliards, de personnes verront leur vie radicalement transformée en raison du réchauffement planétaire.

350 ppm

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il faut limiter à 350 parties par million (ppm) la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, afin de respecter la cible de 1,5 °C. Or, en date du 5 novembre, cet indicateur pointait à 416,55 ppm. Précisons que ce n’est pas la présence de CO2 dans l’atmosphère qui pose un problème, mais bien sa concentration trop élevée. Selon les scientifiques, il faut remonter plusieurs millions d’années dans le temps pour retrouver une concentration supérieure à 400 ppm dans l’atmosphère terrestre. Cette limite a de nouveau été franchie en 2013.

33 %

Selon l’UNESCO, une agence des Nations unies, un tiers des glaciers classés au patrimoine mondial vont disparaître d’ici à 2050. La moitié pourrait disparaître d’ici à la fin du siècle dans l’éventualité où les émissions de GES demeurent à leur niveau actuel. Les glaciers du patrimoine mondial fondent à un rythme de 58 milliards de tonnes de glace par an, indique l’UNESCO, qui a mené une étude sur 18 600 glaciers répartis sur 50 sites du patrimoine mondial. Une étude récente publiée dans la revue Remote Sensing of Environment a aussi révélé que les glaciers ont fondu en moyenne sept fois plus rapidement au cours de la dernière décennie.

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Le glacier du mont Kilimandjaro fait partie du tiers des glaciers appelés à disparaître d’ici 2050, selon l’UNESCO.

10 %

Les deux dernières années et demie comptent pour 10 % de la hausse du niveau des océans observée depuis 30 ans. Le taux d’élévation du niveau de la mer a doublé depuis 1993. Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), ce niveau pourrait augmenter de 20 centimètres sur la côte ouest et de 35 centimètres sur la côte est américaine d’ici 30 ans. Plusieurs pays insulaires subiront de plein fouet les conséquences de la montée des océans. De nombreuses villes côtières seront également affectées, notamment New York et Miami.

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De nombreuses villes côtières, comme Miami, seront affectées par la hausse du niveau des océans.

75 %

Selon une étude parue récemment dans Nature Climate Change, les trois quarts des espèces d’arbres sont considérés comme à risque d’ici 2050 dans les principales villes du monde en raison des changements climatiques. Les chercheurs ont établi leur évaluation sur la base d’un réchauffement de 2,8 °C d’ici la fin du siècle. Leur étude portait sur 164 villes dans 78 pays. Une autre étude publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences signale par ailleurs que le réchauffement planétaire pourrait nuire à la capacité des arbres à absorber du CO2. Plusieurs études suggèrent déjà que de nombreuses forêts du monde approchent de leur limite thermique pour l’absorption de carbone.

En savoir plus
  • 565 milliards
    D’ici 2030, les besoins annuels pour l’adaptation aux changements climatiquesà l’échelle mondiale sont désormais estimés à entre 160 et 340 milliards de dollars et à entre 315 et 565 milliards de dollars d’ici 2050.
    Source : Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE)
    1908
    En 2021, la concentration de méthane dans l’atmosphère a pointé à 1908 parties par milliard, un niveau record depuis 1983. Sur une période de 20 ans, le potentiel de réchauffement du méthane est 80 fois plus élevé que celui du CO2. Ce gaz est à l’origine d’environ 30 % du réchauffement de la planète depuis l’ère préindustrielle.
    Source : Organisation météorologique mondiale